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Egalité des chances: "Il n’y a pas de mobilité sociale en France", dénonce Salomé Berlioux

Emmanuel Macron s'apprête à faire des annonces pour élargir l'accès aux grandes écoles et notamment à l'ENA. Dès l'année prochaine, il y aura en plus des élèves admis au concours classique, 15% de places supplémentaires qui seront dédiées aux élèves d'origine modeste.

Emmanuel Macron se rend à Nantes ce jeudi et doit faire plusieurs annonces sur l'égalité des chances. Il devrait notamment annoncer plus de place pour les élèves d'origine modeste dans les écoles de la haute fonction publique, des places en classe préparatoire réservées. De quoi améliorer la diversité des profils qui intègrent ces formations espère l'exécutif.

“Ce qui est certain, c’est qu'aujourd’hui quand on parle de jeunesse et d’égalité des chances, il faut travailler de concert sur un contexte de crise avec des réponses de crise. C’est vraiment conjoncturel, mais il y a des situations dramatiques. Je lisais une interview d’une jeune fille qui disait que pour pouvoir vivre, il lui fallait faire durer son paquet de pâtes dix jours. Donc il y a des situations de précarité, de détresse psychologique, des jeunes qui n’ont pas pu avoir leur job étudiant et qui du coup ne peuvent pas suivre leurs études”, indique Salomé Berlioux, fondatrice de “Chemins d'avenir”.

Mais selon elle, le problème n’est pas uniquement lié à la crise sanitaire actuelle. “La France n’est pas une bonne élève en termes d’égalité des chances. Il n’y a pas de mobilité sociale ou très peu. Quand vous êtes un fils d’ouvrier dans un quartier sensible ou dans la ruralité, c’est très compliqué pour vous de trouver une voie, de vous extraire de vos origines si vous le souhaitez, de bouger en France et à l’étranger”, détaille-t-elle.

En effet, actuellement, le constat est implacable: à l'ENA, seulement 1% des élèves viennent d'une famille d'ouvriers. Et la situation s'aggrave puisqu'il y a 15 ans, ils étaient 6%. Alors pour mettre fin à cette caste, le gouvernement veut élargir l'accès aux écoles de la haute fonction publique et créer de nouvelles places, avec un concours dédié aux candidats d'origine modeste dès la rentrée prochaine. À l'ENA par exemple, en plus des 40 élèves reçus via le concours classique, 6 personnes seront intégrées via ce concours des talents.

La question de la ruralité

Au total, 5 écoles sont concernées, l'ENA donc et des formations pour devenir directeur d'hôpital, administrateur dans les prisons, ou officier de police. Et avant de passer le concours, le gouvernement souhaite élargir l'accès aux classes préparatoires pour les boursiers, avec 1.700 élèves éligibles au lieu de 700 aujourd'hui. De quoi attirer davantage de candidats vers ces filières espère le gouvernement.

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Mais Salomé Berlioux espère que ces mesures ne vont pas faire oublier l’égalité des chances pour les jeunes issus de la ruralité. 

“Faisons des symboles, envoyons des signaux forts, mais derrière, il y a des sujets de blocage profond. La ruralité, et ça représente 23% des jeunes, reste un angle mort des politiques publiques et de l’égalité des chances. Et quand on parle d’ouverture des grandes écoles, des entreprises à la diversité, il faut avoir en tête cet aspect de diversité territoriale”, appuie-t-elle.

Emmanuel Macron enchaînera vendredi avec le lancement de la plateforme "Anti-Discriminations", qui permettra de signaler une discrimination dans sa recherche de logement, d'emploi, à cause du handicap, de l'origine, du genre, ou du lieu de résidence.

Romain Cluzel avec Guillaume Descours