RMC

Comment Emmanuel Macron veut réformer l'ENA

LOUIS VA PLUS LOIN - Emmanuel Macron a finalement renoncé à fermer l'Ecole nationale de l'administration, lui préférant désormais une réforme de fond.

C’était pourtant l’une des promesses formulées par le chef de l’Etat en avril 2019, une des mesures qui étaient censées répondre à la crise des gilets jaunes et casser l’image d’un Président déconnecté. Emmanuel Macron, qui voulait une élite plus proche de la société, plus diverse, moins formatée, avait alors annoncé la fermeture de l'Ecole nationale d'administration (ENA). Pourtant 20 mois plus tard, il n'est plus question de suppression, mais d'une réforme de la prestigieuse ENA.

Que contiendra cette réforme?

Cette réforme concernera les stages et l’accessibilité. Plus question d’aller uniquement dans les grandes entreprises. Le stage en PME sera désormais obligatoire. Surtout, cette réforme vise à limiter la discrimination à l’entrée. Ainsi dès 2021, des places seront réservées aux candidats issus des milieux modestes. De nouvelles classes préparatoires vont voir le jour pour les boursiers, et l’ENA sera contrainte d’intégrer 15% de ces élèves à son effectif total. Ils seront aussi mieux accompagnés financièrement, à hauteur de 4000 euros contre 2000 aujourd’hui

En revanche le fameux classement de sortie, celui qui permet aux étudiants d’accéder directement aux grands corps de la fonction publique sera maintenu. Nicolas Sarkozy, en son temps, avait déjà essayé de le supprimer mais s’était heurté à de nombreuses réticences.

Pourquoi est-ce si dur de réformer l'ENA?

Mais réformer l'ENA est une tâche ardue. D’abord parce que la plupart des hauts fonctionnaires censés définir et mettre en œuvre ces réformes sont eux-mêmes issus de l’ENA. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, François Sauvadet, a raconté comment Matignon l’avait empêché, comment le directeur de cabinet de François Fillon l’avait convoqué, comment il l’avait menacé de mettre à mal ses autres projets s’il persistait à vouloir changer l’ENA.

Et puis il y a une autre raison, la crainte d’un retour au clientélisme et au favoritisme. C’est en effet pour mettre fin à ces pratiques que le Général de Gaulle avait décidé, en 1945, la création d’une grande école d’administration. A l’époque il s’agissait de valoriser le mérite plus que les relations. 75 ans plus tard, c’est précisément au nom du mérite qu’Emmanuel Macron voulait la supprimer…

>> A LIRE AUSSI - Covid-19: vers un campagne de vaccination massive à Mayotte, où la situation épidémique inquiète

Louis Amar