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Elle avait manifesté contre le FN en 2002, pas cette fois: "je ne crois plus en grand-chose"

Seulement 300 personnes environ se sont rassemblées lundi soir place de la République, à Paris, pour dire "non au FN", au lendemain du premier tour de la présidentielle. Il y a 15 ans, après le 21 avril 2002, la place était noire de monde.

Le comparatif en dit long sur la dédiabolisation du Front national. 300 personnes tout au plus, se sont rassemblées lundi soir sur la place de la République à Paris, à l'appel de SOS Racisme pour dire "non au FN" et appeler à se mobiliser au second tour de la présidentielle. Il y a 15 ans, après le 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen accéder au second tour, cette place était noire de monde. Pourtant, "la fille est la même que le père", a déclaré lundi soir le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dont le syndicat avait aussi appelé à manifester.

"On oublie que c'est un parti d'extrême-droite"

"Les gens ne considèrent plus le Front National comme la priorité du combat politique", déplore de son côté Christophe, qui avait déjà manifesté en 2002. "Ça me rend triste, explique de son côté Gabriel devant la place désertée. Il avait 16 ans quand il a manifesté à Paris, en 2002. Aujourd'hui, il découvre une génération moins concernée par la peur du Front national.

"On oublie que c'est un parti d'extrême-droite. Pour autant je ne pouvais pas faire autre chose que de venir. Des amis me disent que c'est finalement une bonne nouvelle parce qu'elle n'est pas aussi haut que ce que l'on attendait. Mais 21%, c'est quand même très haut et c'est un score historique".

"Je ne crois plus en grand-chose"

"C'est beaucoup plus difficile aujourd'hui de rassembler pour faire barrage", constate lui aussi Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Comment l'expliquer? "Marine Le Pen a été, avec beaucoup de complaisance politique, médiatique et intellectuelle, présentée comme un personnage finalement acceptable. Cette banalisation du FN fait que toute une série de personnes ne voient pas à quel point ce parti est un danger pour la démocratie".

Un avis que ne partage pas Aude, qui était venue manifester sur la place de la République en 2002. Mais pas cette fois. "Je suis restée chez moi, je suis bien obligée de le constater". Elle réfute l'argument de Dominique Sopo selon lequel elle minorerait le "danger" que représenterait le FN pour la démocratie. "C'est surtout l'idée que j'ai beaucoup essayé, beaucoup manifesté et que je n'ai rien obtenu. Et que je ne crois plus en grand-chose"

P. Gril avec Julien Chéhida.