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Emmanuel Macron au Maroc: pourquoi la présence de Yassine Belattar fait polémique

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L’humoriste controversé Yassine Belattar fait partie de la large délégation qui accompagne Emmanuel Macron au Maroc depuis le début de sa visite d’Etat.

La présence de l’humoriste Yassine Belattar à Rabat, aux côtés d’Emmanuel Macron, fait polémique. Le chef de l’Etat est en visite officielle à Rabat depuis le début de la semaine. Un déplacement crucial pour sceller la réconciliation, après six ans de crispations diplomatiques, de brouilles sur fond de petites vexations et de grandes oppositions, sur la question de l’immigration notamment. Et Emmanuel Macron a embarqué avec lui une bonne partie de son équipe gouvernementale et une dizaine de grands patrons.

Ça, c’est pour le casting politico-économique. Mais le couple franco-marocain, c’est aussi des liens intimes, ténus, une culture partagée. Pour rappeler cet attachement historique si singulier entre les deux pays, le président de la République a réuni un joli casting de personnalités franco-marocaines: l’humoriste Jamel Debbouze, le comédien Gérard Darmon, les écrivains Tahar Ben Jelloun et Leïla Slimani… Mais parmi les 120 convives au total, il y en a un vers qui tous les regards se tournent depuis ce mardi. Un invité-surprise, dont personne ne savait qu’il avait reçu le carton d’invitation à la fête: l’humoriste et chroniqueur Yassine Belattar.

C’est un proche d’Emmanuel Macron, aussi utile qu’il peut être encombrant pour le chef de l’Etat. Pour cette visite en tout cas, il a visiblement besoin de lui. Un personnage controversé qui gravite dans la sphère du chef de l’Etat depuis sept ans.

Yassine Belattar, c’est les oreilles et les yeux d’Emmanuel Macron dans les quartiers. Son ticket d’entrée. Né en France de parents marocains, il se fait connaître du grand public il y a 11 ans à la radio. Chroniqueur, il devient ensuite animateur et humoriste. Sur scène, sur les ondes, les plateaux télévisés, Yassine Belattar clashe tout ce qui bouge, les Noirs, les Blancs, les juifs, les arabes… Et il le fait avec une certaine verve, il faut bien le dire.

En 2005, alors que Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur et en campagne pour l’Elysée, il dénonce la "racaille" d’Argenteuil et veut nettoyer La Courneuve au Kärcher. Yassine Belattar, lui, prend la défense des habitants, tout en punchlines. Il devient la voix des banlieues. Et il s’engage en politique, à gauche. Il soutient Ségolène Royal en 2007, François Hollande en 2012 et Emmanuel Macron en 2017. Et c’est avec ce dernier qu’il tisse un lien particulier.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Amélie Rosique : Maroc, la présence polémique de Yassine Belattar - 30/10
3:46

Yassine Belattar, condamné pour menaces de mort

Une fois élu, le président de la République le nomme au Conseil présidentiel des villes. Une instance un tantinet symbolique, certains diront d’affichage. Il est chargé de réfléchir aux politiques publiques pour les banlieues populaires. Deux ans plus tard, Yassine Belattar a bien compris la supercherie, il claque la porte et dénonce un racisme ordinaire qui règnerait dans cette institution.

Mais cet épisode n'entame pas la relation entre les deux hommes. En novembre 2023, on apprend que deux des plus proches conseillers d’Emmanuel Macron ont reçu Yassine Belattar. On est quelques semaines après les attaques du 7 octobre en Israël et la présidence veut prendre le pouls des banlieues sur la question israélo-palestinienne.

Quelques jours plus tard, la grande marche contre l'antisémitisme, à l'appel des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, doit s’élancer à Paris. Malaise dans le cortège, Emmanuel Macron n’y participera finalement pas. Yassine Belattar lui aurait conseillé de ne pas y aller.

Plus problématique peut-être, Yassine Belattar est aussi connu de la justice. L’année dernière, le tribunal de Paris le condamne à quatre mois de prison avec sursis pour menaces de mort, avec obligation de soins et interdiction d’approcher les victimes, le metteur en scène Kader Aoun et le comédien Kevin Razy.

Malgré tout, Emmanuel Macron a jugé utile, stratégique et opportun de l’emmener au Maroc avec lui. Ce mardi, l’Elysée s’est borné à répondre à la presse par cette phrase: "Sa présence ne vaut en aucun cas adhésion à ses idées".

Amélie Rosique