Emmanuel Macron finit par accepter la démission de Gérard Collomb: que s'est-il passé en coulisses?
Au lendemain d'un premier refus, Emmanuel Macron, dansla tourmente depuis la rentrée, a fini par accepter mardi soir la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui veut reprendre la mairie de Lyon.
Depuis l'annonce le mois dernier de ses intentions pour les municipales de 2020, Gérard Collomb, qui comptait initialement rester place Beauvau jusqu'après les européennes de mai 2019, se trouvait fragilisé. Dans l'opposition comme au sein même de son ministère, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer son départ.
Un ministre "déprimé"
Ceux qui ont approché Gerard Collomb ces dernières semaines racontent un ministre de l'intérieur peu intéressé par ce qui se passait place Beauvau: "il était ailleurs, un peu déprimé" confie un de ces proches à RMC, plus préoccupé par Lyon que par le ministère de l'intérieur. Car il a eu peur d'arriver trop tard dans la capitale de Gaules et de "perdre la ville", raconte un élu lyonnais. D'où cette volonté de revenir au plus vite dans son fief.
Et puis, il y a sa relation avec Emmanuel Macron qui s'est, elle aussi, détériorée ces derniers mois: Gérard Collomb aimait beaucoup dire qu'il lui parle franchement, qu'il avait un accès direct au chef de l'Etat. La réalité est moins idyllique: depuis quelques mois, les liens entre le Président et son ministre s'étaient distendus. Gerard Collomb ne validait pas certaines mesures de l'Executif, comme les 80km/h.
L'affaire Benalla
Et c'est l'affaire Benalla qui a fini de séparer les deux hommes. L'Elysée a eu l'impression que Gerard Collomb ne soutenait que mollement Emmanuel Macron. Gérard Collomb, lui, a eu l'impression que l'Elysée voulait lui faire porter le chapeau. D'où sa déclaration sur le "manque d'humilité de l'Exécutif" face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV... Et ce départ rocambolesque.
Dans l'attente de la nomination du successeur de M. Collomb, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre Edouard Philippe d'assurer l'intérim, selon l'Elysée. Le chef du gouvernement a annulé un voyage officiel en Afrique du Sud prévu jeudi et vendredi, a fait savoir dans la foulée Matignon.
Cet "intérim" est une première sous la Vème République: le ministère de l'Intérieur ne peut pas être laissé vacant, car on parle de la sécurité des Français. C'est donc assez logique que ce soit le premier ministre qui se charge de l'intérim le temps de trouver un remplaçant. Une tache difficile qui oblige Emmanuel Macron a remanier le gouvernement, de nouveau, un mois après le départ de Nicolas Hulot.