Eric Brunet: "Macron opère une recomposition du paysage politique et il le fait en virtuose"

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Eric Brunet, journaliste et éditorialiste. Il présente Radio Brunet de 13h à 15h du lundi au vendredi sur RMC.
"Emmanuel Macron opère une réelle recomposition du paysage politique français et il le fait en virtuose. Je pensais qu'il allait opérer une recomposition symétrique: autant de gens de gauche et de droite allaient venir sur son projet. Mais il a agi autrement. La technostructure d'Emmanuel Macron, elle est simple: les conseillers viennent de la gauche, les candidats aux législatives viennent très majoritairement de gauche. On allait dire: 'en fait, c'est un mouvement de gauche'. Mais il avait tout anticipé.
Et pour fracturer la droite il s'en est pris autrement: il a 'droitisé' par le haut. Il a compris qu'il ne droitiserait pas par la base, ni par les adhérents, ni par les parlementaires. Alors il va donner une couleur droitière à son gouvernement. Un Premier ministre de droite, Edouard Philippe, ça donne soudain un style différent au tableau.
"Il a droitisé par le haut"
De la même façon, on aura mercredi trois, quatre ou cinq ministres issus des Républicains. Tout ça va suffire à dresser un tableau beaucoup plus équilibré qu'on ne l'imaginait au départ, sans qu'il y ait pour autant des centaines de candidats En Marche! aux législatives venant de la droite. Par ailleurs, il est malin puisqu'il a eu l'idée de conserver une centaine de circonscriptions à des candidats venant des Républicains. Cette recomposition, je ne l'imaginais pas comme ça, elle s'est faite en deux temps, mais c'est d'une efficacité redoutable. De manière générale, j'ai l'impression qu'à chaque fois qu'Emmanuel Macron entreprend quelque chose, il gagne.
"Ça va plus loin que Sarkozy en 2007"
Ça va plus loin que Sarkozy et son gouvernement d'ouverture en 2007 (avec des ministres venant de la gauche, comme Bernard Kouchner, Frédéric Mitterrand, Eric Besson…). Là, il est en train d'embaucher des gens sur la base d'un consensus politique. Ce sont des personnalités qui ont eu le temps de lire et relire le programme de Macron, de réfléchir sur ses réformes. Ce n'est pas le syndrome Kouchner de 2007. Là, on est sur un pacte, on dépasse le simple cadre de la carte postale. Ceux qui le rejoignent le font sur la base d'un programme très clair, et tout le monde a compris qu'Emmanuel Macron allait appliquer ce programme. Ils n'acceptent pas juste un maroquin ministériel, ils souscrivent au projet très ambitieux de recomposition du paysage politique français et de transformation de la France.
"Je suis bluffé"
Je suis bluffé par la réussite d'Emmanuel Macron, par sa volonté transformatrice et son autorité. Il s'en tient à son projet et ne se laisse pas influencer, ça me bluffe. Dans le même temps on a une droite un peu faible, qui a reculé par rapport au programme de François Fillon. Moi qui suis fondamentalement réformateur, je suis prêt à suivre celui qui ira dans cette direction. Je demeure plutôt de droite, mais cette volonté que montre Emmanuel Macron, quand elle est exprimée avec autant de vigueur, ça t'entraîne, et je comprends qu'il puisse y en avoir qui se laissent entraîner."