Ils rendent compte de l'activité des députés: "Certains nous accusent d'antiparlementarisme"

- - Les membres du Parlement lors d'une séance de questions au gouvernement en janvier 2017 (image d'illustration) - PHILIPPE LOPEZ / AFP
François Massot est l’un des administrateurs du site nosdeputes.fr, créé en 2009 et qui renseigne sur l’activité de chaque député à l’Assemblée Nationale.
"Le site nosdeputes.fr, est né d’une volonté de rendre les travaux de l’Assemblée compréhensible et accessible à tous les citoyens. Nous voulons aussi valoriser le travail parlementaire. Quand on commence à comprendre ce que font les députés à l’Assemblée nationale, on se rend compte qu’ils ont une énorme charge de travail. Présenter ces informations sous un angle citoyen permet à tous de se les approprier et de participer à la vie parlementaire.
Nous ne cherchons pas du tout à dénoncer. On sait que l’activité parlementaire est quelque chose de très complexe. On fournit des chiffres mais il faut aller plus loin. On laisse l’angle d’analyse aux journalistes afin de déterminer si un député fait ou ne fait pas son travail.
"Certains nous ont accusé d’antiparlementarisme"
Il est difficile de bien évaluer le travail d'un député, il y a énormément d’indicateurs et nous n’avons pas accès à tous ceux-ci. Nous ne sommes par exemple, pas capables de savoir si un député est vraiment présent dans l'hémicycle s'il ne prend pas la parole. Nos données sont souvent utilisées pour épingler des députés sur de présumées absences. Ça agace pas mal les parlementaires: certains nous ont accusé d’antiparlementarisme ou, d’inciter à intervenir en posant des questions et prendre la parole, juste pour que nous puissions révéler la présence de députés. Mais ils sont extrêmement minoritaires. La très grande majorité apprécie que nous valorisions leur travail de fond au parlement. Ils utilisent souvent les données que nous publions dans le bilan de mandat.
De plus, nous avons pu montrer que le site, s'il avait réduit le nombre de députés totalement désinvestis du travail parlementaire, n’avait pas eu d’impact sur l’inflation des prises de parole.
Nous avons des échanges fréquents par mail ou lors d'auditions, avec les parlementaires. Nous échangeons notamment avec certains d'entre eux, lorsqu’une présence à l’Assemblée n’a pas été constatée par nos automates, notre site étant consulté par les députés eux-mêmes. Cela permet d’avoir un retour: ils vont nous dire ce qu’il va, ce qu’il ne va pas, ils vont ajouter des informations. Les parlementaires sont également très intéressés pour avoir nos avis sur les questions de transparence et d'impact du numérique dans la démocratie. C’est là où ça devient intéressant, on tend à créer des relations entre les parlementaires et les citoyens.
"Nous tenons à avoir l’avis de plusieurs membres afin d’atteindre un consensus"
Nous savons que le site à des imperfections dues à un manque de transparence, certaines informations n'étant pas publiques. Nous voulons l’améliorer sur ce point. Nous souhaiterions par exemple que les délégations de vote soient publiques, cela nous permettrait de bien prendre en compte les présences lors des débats en hémicycle.
Nous sommes une association collégiale et transpartisane. Nous faisons très attention lorsque nous communiquons publiquement à ne pas faire le jeu d'un parti par rapport à un autre. Lors de la rédaction d’un tweet par exemple, nous tenons à avoir l’avis de plusieurs membres afin d’atteindre un consensus.
Nous avons sept administrateurs et une trentaine de membres actifs qui gravitent autour de l’association. Mais le nombre de membres peut être bien plus élevé car nous considérons comme membre de droit, toute personne qui a participé à une activité de l’association depuis moins de douze mois".