Immigration: quelles conséquences à Calais en cas de durcissement de la loi?

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en visite express à Calais où il doit arriver à 11h20 ce vendredi matin. Un déplacement seulement quatre jours après le rejet de son projet de loi immigration par l’Assemblée nationale.
À Calais, des centaines de migrants attendent toujours de pouvoir traverser la Manche depuis les plages du nord de la France. Et sur place, les associations d’aide aux exilés craignent que le texte qui sera devant la commission mixte paritaire ce lundi ne soit durci. L’exécutif se montre déterminé à le faire passer et pourrait se rapprocher de la droite pour y parvenir.
Très loin des débats à l’Assemblée, une vingtaine de jeunes s’abritent quelques heures. Beaucoup ont fui la guerre au Soudan. Ils ont l’impression d’être rejetés, sans pouvoir rejoindre le Royaume-Uni. Chaque semaine, depuis deux mois, Hicham tente de passer en montant dans des camions. Et échoue toujours ici, sous les yeux inquiets d’Ali, de Médecins sans frontières.
“Quand on durcit, c’est politique, ça n’a pas de conséquence sur les flux migratoires. Au contraire, les gens prennent plus de risques, ils sont à la merci des passeurs”, estime-t-il.
La maire de Calais favorable à un durcissement
Il craint notamment la suppression de l’Aide médicale d’Etat, voulue par Les Républicains. “Pour des gens qui vivent dans des conditions assez précaires, il y a une dégradation assez rapide de leur santé en cas de non-accès aux soins. Et en termes de santé publique, si des gens sont atteints de maladies qui peuvent se propager, ça n’a pas de sens”, juge-t-il.
Mais la maire de Calais défend le projet de loi du Sénat, plus dur. Natacha Bouchart évoque une fatigue.
“Malheureusement, les populations se crispent. Des personnes migrantes se battent entre elles et créent de plus en plus de difficultés”, dénonce-t-elle.
Elle assure qu’avec la fermeté doit aller “une vraie humanité” pour ceux qui sont déjà là. “Aujourd’hui, dit-elle, on a ni l’un ni l’autre”.