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Interview d’Emmanuel Macron: pourquoi les candidats à la présidentielle protestent

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Emmanuel Macron est ce mercredi soir l’invité d’une émission exceptionnelle de TF1 en prime time. L’opposition dénonce sa surexposition médiatique et des règles du jeu inéquitables.

"Où va la France ?", sur TF1 ce mercredi soir, avec un invité très spécial: Emmanuel Macron. C’est l'émission de trop pour plusieurs candidats à la présidentielle. Valérie Pécresse a saisi le CSA pour contester le décompte du temps de parole. Jean Luc Mélenchon dénonce une "comédie monarchique” et Yannick Jadot “une mascarade qui doit cesser''. Pour Marine Le Pen, le président profite de ses pouvoirs “sans complexe”.

C’est un double procès qui est fait à Emmanuel Macron. Ses opposants lui reprochent d’abuser de la télévision et de ne pas se déclarer candidat. En ce qui concerne ce dernier point, Emmanuel Macron fait la même chose que tous ces prédécesseurs qui se sont représentés.

Le général de Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy: ils avaient tous annoncé leur candidature pour un second mandat très tard, entre un mois et deux mois et demi avant le premier tour. Par exemple, le 22 mars pour François Mitterrand. 

En ne se prononçant pas à la mi-décembre, en retardant l’échéance pour rester président le plus longtemps possible, Emmanuel Macron ne fait donc rien d'inédit dans l’histoire de la 5e république.

Sur son omniprésence à la télé, c’est effectivement plus discutable. Il y a dix ans, Nicolas Sarkozy avait fait, le 29 janvier, une grande émission en prime time retransmise sur TF1, France 2 et six autres chaînes. En pleine campagne, l'opposition avait crié à l’abus de pouvoir, mais Valérie Pécresse, sa ministre et porte-parole à l’époque, l’avait défendu. Elle estimait en substance que face à la crise du chômage, il était normal que le président en exercice vienne parler aux Français. Les soutiens d’Emmanuel Macron se sont fait un plaisir mardi de remarquer que Valérie Pécresse dénonce aujourd’hui ce qu’elle approuvait il y a dix ans…

Une interview très politique…

Mais ce n’est pas parce que Nicolas Sarkozy faisait pareil, qu’il n’y a pas des questions à se poser. Emmanuel Macron s’est effectivement beaucoup invité à la télé depuis le début de la campagne. Le 9 novembre, une longue allocution à 20 heures, avec quelques annonces sur le Covid mais surtout une défense de son bilan.

La semaine dernière, deux heures de conférence de presse sur l'Europe, et ce mercredi cette émission : une heure et quarante-cinq minutes d’entretien, à la fois sur son bilan et sur son projet. Un des dirigeants de TF1, un des rares à avoir vu l’interview enregistrée dimanche, m’a confié qu'à la fin, on n’a plus aucun doute sur le fait qu’Emmanuel Macron sera bien candidat. Il s’agit d’une interview très politique…

TF1 a proposé à tous les grands candidats de réagir ensuite en direct après l'interview. Et presque tous ont d’abord accepté ou laissé entendre qu’ils allaient accepter. Puis presque tous ont changé d’avis et décidé d’envoyer des lieutenants. Par exemple, Eric Ciotti représentera Valérie Pécresse.

Yannick Jadot, lui, a décidé de ne pas venir et de n’envoyer personne, jugeant que les candidats n’avaient pas à être placé dans le rôle de commentateur d’un autre candidat. Seul Eric Zemmour, pour l’instant, a accepté d’intervenir en duplex. Les choses peuvent encore bouger dans la journée.

Ce qui choque plusieurs candidats, c’est que le temps de parole d’Emmanuel Macron ne sera pas comptabilisé comme “temps de parole” d’un candidat… Mais c'est un faux débat. Parce que pour l’instant, nous sommes hors période électorale. La règle qui s’applique, c’est donc un tiers pour l'exécutif, Emmanuel Macron et ses ministres, et deux tiers pour les formations politiques au prorata de ce qu’elles représentent.

A ce stade, on ne compte pas qui est candidat et qui ne l’est pas, on compte l'exécutif d’un côté, les partis de l’autre. A partir du premier janvier, tout va changer : on sera en période d'équité entre les candidats et Emmanuel Macron sera considéré comme un “candidat présumé”, qu’il se déclare ou pas… Ce qui veut dire que dans 15 jours, on appliquera exactement les règles que l’opposition réclame aujourd’hui.

Nicolas Poincaré