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"Je n’ai même plus envie d’aller voter": à Hénin-Beaumont et Perpignan, la colère des militants RN

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42% des Français estiment que la justice a été influencée par la volonté d’empêcher Marine Le Pen de se présenter à la prochaine élection présidentielle selon un sondage Elabe pour BFMTV. Un avis que rejoignent de nombreux habitants d'Hénin-Beaumont, fief de Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais où elle a été élue députée.

Marine Le Pen ne devrait donc pas pouvoir se lancer une 4e fois dans la course à l'Élysée. Elle a en, effet, été condamnée à une inéligibilité immédiate de cinq ans, à une peine d'emprisonnement de quatre ans dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique. Un jugement dont elle a fait appel. Mais cette condamnation et cette inéligibilité immédiate passe à mal à Hénin-Beaumont, fief RN du Pas-de-Calais.

C'est en faisant les courses, derrière son caddie, que Carine a appris la condamnation de Marine Le Pen. “Je n’ai même plus envie d’aller voter. De toute façon, on n’a même plus envie d’aller se battre”, confie-t-elle. Car celle qui se retrouve inéligible pour cinq ans est la seule à trouver grâce aux yeux de cette électrice RN. “Marine Le Pen ça fait des années qu’on la voit, qu’elle se bat… Je ne pense pas que Bardella passera à la présidentielle parce que ça ne fait pas longtemps qu’il est là”, estime-t-elle.

Mais maintenant que Marine Le Pen est hors jeu, d'autres habitants font déjà front avec Jordan Bardella. “Je le vois très bien à sa place. C’est quelqu’un que j’estime. Jordan, moi, je le sens en force et en forme”, confie un habitant.

Et puis il y a les optimistes, comme Thierry. “Si elle est Première ministre, elle va changer les choses”, juge-t-il. Car malgré la condamnation, rien n'empêche Marine Le Pen de devenir Première ministre d'un Jordan Bardella président.

“C’est un excellent ticket. L'ordre des choses c’était Marine Le Pen à l’Elysée et Jordan Bardella en Premier ministre, c’était déjà acté donc ça restera une déception”, estime Michel Carton, membre du RN et adjoint à la mairie d'Hénin Beaumont.

Et ce que beaucoup d'électeurs espèrent ici, c'est de revoir rapidement Marine Le Pen à Hénin Beaumont pour pouvoir lui montrer leur soutien.

A Perpignan, la même déception

Outre Marine Le Pen, 23 personnes et le parti ont aussi été condamnés dans ce dossier. Et notamment le vice-président du RN et maire de Perpignan Louis Aliot. Le tribunal l'a condamné à 18 mois de prison dont 6 mois ferme sous bracelet électronique, avec une amende de 8000 euros et une inéligibilité de trois ans, mais sans exécution immédiate.

Sur les terrasses des cafés de la ville, la condamnation de Marine Le Pen a du mal à passer pour certains clients. Régis en veut beaucoup à la Justice. “Je suis scandalisé parce qu’encore une fois on se fait avoir et on se fait écarter du pouvoir. Le RN fait peur, on ne sait pas comment les museler alors on essaye de les mettre hors-jeu”, déplore-t-il.

Jérémy est un sympathisant RN. Aux yeux de ce commerçant perpignanais, cette décision est le résultat d'un acharnement. “C’est une cible depuis des années mais actuellement, c’est une cible à abattre. C’est plus une décision politique que judiciaire”, selon lui.

Alors reste que ce jugement pourrait aussi renforcer le Rassemblement National ? C’est ce que craignent les adversaires, Agnès Langevine, vice-présidente du Conseil régional Occitanie, candidate “Place Publique” aux prochaines municipales à Perpignan.

“On sait que le RN joue cette corde de la victimisation et du complotisme. Le risque c’est qu’elle occupe le débat public pendant les semaines à venir. C’est un signal de la décomposition de la société. C’est un risque important”, juge-t-elle.

Le maire de Perpignan, Louis Alliot, a lui aussi été condamné, mais il pourra rester aux affaires jusqu’à la fin de son mandat.

Martin Bourdin et Jean-Wilfrid Forquès avec Guillaume Descours