"La colère contre Macron": comment la presse étrangère analyse la contestation sociale en France

La France intéresse beaucoup la presse étrangère. La contestation de la réforme des retraites est très commentée par nos voisins qui s'inquiètent ce vendredi matin de la montée de la violence et de la radicalisation du mouvement. On parle de la journée la plus chaotique depuis le depuis le début de la contestation, de batailles rangées, d'assaut contre les bâtiments publics, avec les photos des incendies cette nuit dans Paris ou bien à la mairie de Bordeaux…
Et c’est “la colère contre Macron” qui retient l’attention des commentateurs étrangers, après le 49.3, l'interview télévisée du président et les manifestations de jeudi. C’est le même titre dans le Spiegel allemand et le New York Times. Le journal américain qui précise qu’Emmanuel Macron est seul face à la France en colère…
En Italie, le Corriere della Sera parle d’Emmanuel Macron “enfermé dans sa tour d’ivoire, sans écouter les Français”. Exactement la même expression dans le Tageszeitung en Allemagne, qui évoque Emmanuel Macron dans sa tour d’ivoire et qui compare le président français à un autocrate dans son bunker…
Un journal belge, Le Vif, constate qu’Emmanuel Macron se retrouve seul après avoir pulvérisé la droite et la gauche de gouvernement, après avoir oublié de bâtir un parti au service de son programme, après avoir négligé les corps intermédiaires et malmené certaines catégories de la population.
Le Soir, à Bruxelles, estime que c’est la personne d'Emmanuel Macron qui est soudain jugée insupportable. Un site anglais estime aussi que les troubles éclatent en France parce que ce roi républicain, retranché à l’Elysée, est perçu comme trop distant et coupé des citoyens. Et le Frankfurter Allgemeine Zeitung, en Allemagne, conclut: "La méthode Macron a échoué".
Un duel “catastrophique” en 2027?
Pour la presse étrangère, tout cela pourrait ouvrir un boulevard aux extrêmes. C’est une inquiétude que l’on peut lire partout. Le journal suisse Le Temps estime que ce qu’il se passe en ce moment en France n’est pas vraiment nouveau. Depuis 20 ans, tous les présidents français ont dû faire face à ce genre d'événement. Cela revient aussi régulièrement que la Coupe du monde ou l’Euro de foot, rien d’historique pour l’instant. D’autant que la France en a vu d’autres avec les attentats, les confinements, les couvre-feu, les gilets jaunes…
Pour le journal suisse, le vrai danger, le vrai “bord du gouffre”, ce n’est pas la mobilisation actuelle, c’est 2027. La prochaine élection présidentielle avec un risque d’assister à un duel “catastrophique”, entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen C’est le vrai risque d’incendie, affirme le journal suisse. Plus grave que les feux de poubelles d’aujourd’hui dans les rues de Paris…
La même inquiétude est partagée par l’hebdomadaire portugais Expresso, qui remarque: "Heureusement que la France ne se prépare pas à aller aux urnes parce que si c'était le cas, le résultat pourrait être catastrophique". Le journal estime qu'en France, le centre politique est mort. Et s'inquiète d’une France qui serait dirigée par une Le Pen ou un Mélenchon.
La presse anglaise s'inquiète aussi des répercussions de ce mouvement social sur la visite du roi Charles III. Une visite d’Etat, la première du roi à l’étranger. Il doit participer lundi soir à un banquet au château de Versailles. Un dîner “royal” où 200 convives doivent manger dans des assiettes en porcelaine de Sèvres qui coûtent 8.000 euros pièce. Un faste qui tombe particulièrement mal en cette période révolutionnaires. La presse anglaise indique que Buckingham Palace suit de près la situation. S’il le faut, le dîner à Versailles pourrait être rapatrié à l’Elysée. Mais pour l’instant, le programme n’a pas encore été changé.
Autre sujet de préoccupation, la descente des Champs-Elysées prévue lundi matin. Le roi sera entouré de 140 chevaux de la Garde républicaine. De magnifiques images en perspective, sauf si des manifestants en colère en décident autrement… La visite royale et le mouvement social, ce sont deux événements qui risquent de se télescoper.