RMC
Politique

Le gouvernement relance la mission sur la soumission chimique, confiée à Sandrine Josso

Sandrine Josso à l'Assemblée nationale le 12 octobre 2023

Sandrine Josso à l'Assemblée nationale le 12 octobre 2023 - Bertrand GUAY / AFP

La députée Modem Sandrine Josso, qui a porté plainte en novembre 2023 contre le sénateur centriste Joël Guerriau qu'elle accuse de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement, va pouvoir relancer la mission sur la soumission chimique.

Le gouvernement a annoncé mardi 8 octobre 2024 la relance de la mission sur la soumission chimique, créée en avril par l'exécutif précédent, et l'a confiée à nouveau à la députée Modem Sandrine Josso et à la sénatrice RDSE Véronique Guillotin.

"La lutte contre les violences sexuelles et sexistes a été érigée en priorité par le Premier ministre Michel Barnier", qui a décidé de relancer cette mission dont les travaux ont été interrompus par la dissolution, a déclaré à l'Assemblée nationale Salima Saa, secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.

Un "kit de détection"

La soumission chimique consiste en l'administration de substances psychoactives à un individu, souvent une femme, à son insu, à des fins notamment d'agression et de viol. "Je suis convaincue qu'il faut accélérer pour protéger les femmes, les enfants et les hommes de ces abus. Ils peuvent être aussi concernés", a déclaré Salima Saa.

Sandrine Josso avait porté plainte en novembre 2023 contre le sénateur centriste Joël Guerriau qu'elle accuse de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement.

L'emblématique procès de Mazan (Vaucluse), où 51 hommes dont le mari sont accusés d'avoir violé une femme, Gisèle Pelicot, droguée par son époux, a porté un coup de projecteur sur la soumission chimique utilisée dans un cadre domestique.

"C'est un procès historique", "une sensibilisation à grande échelle" sur le sujet de la soumission chimique, mais "pour bouger les lignes, il faudra des mesures fortes", a pour sa part indiqué Sandrine Josso mardi dans un entretien. Elle cite notamment la détection de ces "empoisonnements", le recensement des victimes et "l'amélioration de leur prise en charge".

Elle recommande notamment que les pharmacies puissent délivrer, sur prescription médicale, aux femmes qui pensent avoir été droguées, un "kit de détection" ou "kit du lendemain" avec des "flacons pour recueillir l'urine" et les adresses et "toute la marche à suivre" pour accéder à la preuve.

"La France se doit d'être un exemple pour le monde entier"

"La soumission chimique, c'est le crime parfait. C'est un contre-la-montre pour obtenir des preuves", indique Sandrine Josso. "Très souvent les victimes ne se rappellent de rien" et les substances utilisées "disparaissent très rapidement du sang".

"Très peu de personnes connaissent la soumission chimique. Que ce soit auprès du personnel médical ou judiciaire, vous vous retrouvez dans des situations où on ne vous donne pas les bons conseils et la bonne marche à suivre pour porter plainte".

Le nombre de victimes est un "chiffre noir" car aujourd'hui seules les personnes qui portent plainte sont comptabilisées dans les signalements, observe-t-elle. Près d'un an après les faits présumés, survenus le 14 novembre 2023, la députée a indiqué ressentir encore des symptômes de "stress post-traumatique" qui la "gênaient "au quotidien".

"Je croyais que cela n'allait durer que quelques semaines, ces symptômes d'hypervigilance, et je comprends que malheureusement il faut au minimum deux ans pour s'en remettre". "La France se doit d'être un exemple pour le monde entier pour endiguer ce fléau" et "problème de santé publique", assure-t-elle.

RMC avec AFP