Le RN ne votera pas en l'état la résolution de soutien à l'Ukraine, les avoirs russes en débat

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 4 mars 2025 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Marine Le Pen a affirmé mardi qu'elle ne "voterait pas" en faveur de la proposition de résolution visant à renforcer l'aide à l'Ukraine, examinée mercredi à l'Assemblée, qui invite à "utiliser" les avoirs russes gelés et veut "faciliter" le processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Union.
"Je ne voterai aucun texte dans lequel il y a l'engagement en quelque sorte (...) d'un soutien à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne", a affirmé la cheffe de file des députés du Rassemblement national lors d'un point presse en marge d'une visite de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche).
"Je connais la technique (...). C'est-à-dire qu'on fait une belle résolution soutien à l'Ukraine et à l'intérieur, on vous glisse toute une série de choses dont on sait pertinemment que vous y êtes fondamentalement opposés, en espérant pouvoir vous contraindre à la voter", a ajouté la leader du RN , sans dire si son parti s'abstiendrait ou voterait contre le texte.
Stabilité financière
Déposée initialement pour coïncider avec l'anniversaire des trois ans de la guerre, la proposition de résolution sera examinée mercredi après-midi en plein tumulte géopolitique, marqué par le désengagement des États-Unis d'Ukraine.
En l'état actuel, le texte "invite" notamment l'Union européenne à "utiliser dès à présent les actifs russes gelés et immobilisés (...) pour soutenir la résistance ukrainienne et la reconstruction de l'Ukraine", suite à l'adoption d'un amendement socialiste en commission.
Plutôt évasif alors que ses soutiens se divisent sur le sujet, le Premier ministre François Bayrou a renvoyé mardi le débat à Bruxelles, estimant qu'"utiliser les avoirs eux-mêmes, ça ne peut se penser que dans le cadre de l'Union européenne".
Pourtant, le gouvernement est officiellement opposé à une saisie des avoirs eux-mêmes, outre les intérêts qu'ils génèrent et qui servent déjà à aider Kiev. Car cela pourrait menacer la stabilité financière de l'Europe, a prévenu mardi le ministre des Finances, Eric Lombard.
Un amendement co-signé par seulement trois députés du groupe macroniste Ensemble pour le République (EPR), mais incluant son président Gabriel Attal, propose d'aller plus loin en utilisant ces avoirs pour "renforcer les capacités de défense de l'Europe".
Tomber les "masques"
Le président d'Horizons Édouard Philippe avait lui estimé que les actifs gelés, évalués à environ 235 milliards d'euros, devaient être "mis totalement à la disposition" de l'effort de guerre ukrainien. Au MoDem, le député Erwan Balanant, lui-même hostile à la mesure, a dit ne pas croire qu'il existe une majorité à l'Assemblée en faveur de la confiscation des avoirs.
Selon Harold Huwart, député Liot à l'initiative de la résolution, ce débat pourra aussi permettre "de faire tomber un certain nombre de masques (...) aux extrémités de l'hémicycle", où "les positions sur la question ukrainienne semblent assez fragiles et marquées par la forte influence de la Russie."
Outre le RN, la position de vote de La France insoumise (LFI) n'est pas non plus actée. Les deux groupes s'opposent à la saisie des avoirs russes mais aussi à un alinéa du texte invitant l'UE à "faciliter le processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Union". Son rapporteur, Laurent Mazaury (Liot), a déposé un amendement remplaçant le terme "faciliter" par "accompagner".
Plusieurs autres points devraient susciter le débat, comme celui de la présence sur le sol ukrainien de soldats français en cas d'accord de paix, ou la question de l'importation de gaz russe par les pays de l'UE, à laquelle la résolution appelle à "mettre fin".