RMC
Politique

"Le taux de résidences secondaires frôle l’indécence": la Corse réclame un statut de résident

placeholder video
En juillet, l'Assemblée de Corse a adopté une proposition demandant notamment un statut de résident spécifique qui permettrait par exemple d'accéder plus facilement à un emploi ou à un logement. Refus catégorique pour l'instant de l'Elysée.

C'est une prise de parole particulièrement attendue sur l'île de Beauté. Emmanuel Macron doit prononcer ce jeudi à 10 heures un discours devant l'Assemblée de Corse. Le président devra donner son avis sur une réforme institutionnelle de la Corse, et une éventuelle autonomie de l'île.

Cela fait plus d'un an que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin mène des discussions avec les représentants corses pour tenter d'aboutir à un accord. Parmi les demandes formulées par les nationalistes, la création d'un statut de résident spécifique pour faciliter l'accès des locaux à l'emploi et au logement. L'Élysée a dit non. Pourtant, la crise du logement est bien réelle sur place.

Comme dans d'autres régions touristiques, trouver un logement relève parfois du défi. Les quatre annonces de location affichées dans une agence du golf d’Ajaccio sont en fait déjà louées. La situation est particulièrement tendue, explique Nicolas Ettori, agent immobilier: "Vous mettez un appartement le lundi matin, à midi ça peut déjà être loué. Même si les loyers sont très chers. C’est très compliqué de se loger".

Même constat pour Yves Menassé. Pour ce directeur d'agence immobilière, la faute revient aux locations saisonnières, mais aussi à un phénomène plus ancien.

“Le taux de résidences secondaires, sur certaines communes, frôle l’indécence. Puisque quand vous avez des communes qui sont à 70 ou 80% de résidences secondaires, ça prive les locaux de résidences principales”, assure-t-il.

Le gouvernement refuse le statut de résident

Pour tenter de régler le problème, certaines mairies mettent en place une surtaxation des résidences secondaires, comme à Pietrosella. La commune va obtenir plus de 500.000 euros par an, mais le maire Jean-Baptiste Luccioni aimerait aller plus loin et créer un statut de résident, avec l'obligation d'habiter pendant cinq ans sur l'île avant de devenir propriétaire. Problème, le gouvernement refuse catégoriquement cette possibilité.

“A aucun moment, on veut créer deux types de citoyens. On veut juste que les citoyens qui vivent dans un territoire, on prenne en compte leurs difficultés sociales”, indique-t-il.

Autre proposition du maire, réserver des emplacements constructibles aux résidences principales.

Romain Cluzel avec Guillaume Descours