Législatives: le soutien embarrassant de la Russie au RN à la veille du second tour

La Russie a officiellement apporté ce mercredi son soutien au Rassemblement national pour le second tour des élections législatives ce dimanche. Un soutien dont le parti de Marine Le Pen se serait bien passé…
C’est un soutien qui ne vient pas de Vladimir Poutine ni du sommet de l'État russe. Ce n’est que le directeur adjoint du service de presse du ministère des Affaires étrangères qui s’est exprimé. Il salue le peuple français qui recherche une politique étrangère "souveraine" et une "rupture avec les diktats de Bruxelles et de Washington".
Ce petit texte est donc signé d’un obscur fonctionnaire, mais il est publié sur le compte X (ex-Twitter) du ministère des Affaires étrangères, accompagné d’une photo de Marine Le Pen en meeting. C’est bel et bien un soutien officiel de la Russie au Rassemblement national.
Le Rassemblement national voudrait pourtant faire oublier qu’il a longtemps été pro-russe. Pendant cette campagne, Jordan Bardella a rappelé sa position sur le conflit en Ukraine. Il affirme qu’il soutient l'Ukraine, mais il ajoute aussitôt qu’il veut éviter toute escalade avec la Russie. Il a aussi eu l’occasion de dire que s’il était Premier ministre, il ne permettrait pas à l'impérialisme russe d’engloutir un pays comme l’Ukraine.
Plusieurs membres très proches de la Russie
Des propos qui tranchent avec les positions précédentes du RN. Marine Le Pen s’est rendue plusieurs fois à Moscou. Elle a été reçue par Vladimir Poutine et à la Douma, le Parlement russe. Elle a mis en avant sa loyauté à l'égard de la Russie et elle a refusé de condamner l’annexion de la Crimée. Sans parler du prêt contracté auprès d’une banque russe, ou tchéquo-russe, pour financer sa campagne présidentielle de 2017. Marine Le Pen a souvent expliqué qu’elle n’avait pas eu le choix parce qu'aucune banque française ne voulait lui accorder de prêt. Mais dans le débat d’entre-deux-tours, Emmanuel Macron lui avait lancé: "Quand vous parlez aux Russes, vous parlez à votre banquier".
Aujourd’hui, le RN peut-il encore être qualifié de parti pro-russe? En tout cas, il va faire entrer à l'Assemblée une dizaine de députés pro-russe. Des candidats qui ont tous participé à des missions d’observation des élections russes et à des voyages en Russie financés par des organisations proches du Kremlin.
Par exemple, Pierre Gentillet, jeune trentenaire très proche de Jordan Bardella. Il est candidat dans le Cher, membre de l’association Dialogue Franco-Russe et du cercle Pouchkine. Ou encore Hélène Laporte, députée sortante qui est allée en Russie observer le référendum de 2020 qui a modifié la constitution pour permettre à Vladimir Poutine de se représenter. Hélène Laporte avait estimé que c'était “une leçon de démocratie”. Il y a aussi Jean-Lin Lacapelle, ancien du GUD, proche de Marine Le Pen. Il a posé avec des tee-shirts à la gloire de Poutine. Dont un qui proclamait “mon ami, Vlad”.
Thierry Mariani, ancien LR qui a rejoint le RN, est le leader de cette tendance pro-russe au sein du parti. Il continue à défendre Vladimir Poutine malgré l’invasion de l’Ukraine. Pendant cette campagne, il a été particulièrement discret. On ne l’a pas vu sur les plateaux de télé. Comme pour faire oublier ce passé qui dérange...