Les Français de moins en moins écolos? "Il faut s'en inquiéter, sans culpabiliser", plaide Cécile Duflot

VOIX DE GAUCHE. Une nouvelle étude réalisée par l’institut CSA pour Géo, révélée par RMC ce 23 septembre, montre un net recul de l’engagement écologique des Français. Moins de gestes pour la planète, une forme de "lassitude" s’installe : une "fatigue écologique" que Cécile Duflot juge inquiétante.

RMC a dévoilé en exclusivité une étude selon laquelle les Français seraient de moins en moins écolo. Ils parlent même d'une forme de fatigue écologique. Il faut évidemment s'en inquiéter, mais en même temps, il faut être très clair sur le fait que culpabiliser les gens, les responsabiliser que individuellement, en fait, ça ne marche pas. Aujourd'hui, les Français disent, quand on leur demande par exemple s'ils ont le choix entre train et avion, à 30% ‘moi je prends l'avion, je préfère’.

Ça dit deux choses. D’abord quand l'avion est moins cher que le train, ce qui arrive dans certains cas, c'est absurde et ça pousse les gens à utiliser l'avion. En revanche, ça veut dire aussi que sur certaines destinations, il faudrait qu'il n'y ait pas d'avion tout simplement. Ça simplifierait le problème.

Ce qui est sûr, c'est que si on n'a pas une politique publique, notamment sur la question des transports, si on n'a pas des transports en commun de bonne qualité, faciles à utiliser, il y a des gens qui n'ont pas d'autre choix que de prendre leur voiture.

Voix de gauche : Fatigue écologique, "Il faut que l'État se bouge !" - 23/09

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Être écolo et faire des économies, pas incompatible

Ce qui ressort aussi de cette étude, c'est que les Français sont prêts à être écolo quand il s'agit en réalité précisément de questions de pouvoir d'achat, c'est-à-dire moins consommer d'eau, moins consommer d'électricité. Ce n’est pas incompatible et dans plein de situations, être écolo, c'est moins cher, et, globalement, si on n'engage pas collectivement cette transition écologique, ça va nous coûter très cher.

J'ai vu les gens qui ont perdu leur voiture dans les inondations à Toulon et ailleurs, les notes d'assurance risquent d'exploser avec les dégâts sur les maisons. Donc, en fait, on a un vrai sujet, c'est qu'au-delà des conséquences en termes d'habitabilité de la planète, on a un coût énorme qui risque d'exploser si on ne prend pas ce sujet à bras-le-corps.

Les petits gestes, c’est sûr que ça sert, c'est évident. Mais ça sert pour 25% de l'effort. Carbone 4 a publié une étude qui montre que si on veut tenir nos objectifs de l'accord de Paris, les trois-quarts des objectifs ça doit être des politiques publiques, ça doit être décidé au niveau des communes, au niveau de l'État et il faut y mettre les moyens.

Donc c'est utile les petits gestes, mais c'est loin d'être suffisant. C'est sûr que c'est très frustrant quand on vous dit de débrancher votre box, mais qu'en face de vous il y a une publicité avec un écran lumineux qui est allumée toute la nuit, il y a quelque chose qui ne va pas.

Un gros sujet sur l'alimentation

Sur la question des vêtements, 26% des Français disent acheter en seconde main, mais c'est un chiffre qui stagne et dans le même temps, on a 70% des Français désormais qui disent qu'ils achètent de la fast fashion. C'est un gros sujet parce que ça aboutit à dégrader la qualité des vêtements, à faire qu'ils sont moins réutilisés. Donc acheter en seconde main, ça ne fait pas de mal, ce n'est pas très compliqué, c'est économique et ça a vraiment un bon bilan écologique. Donc ça, c'est un sujet sur lequel on peut quand même faire un effort.

On peut se mobiliser individuellement, mais il faut surtout peser pour que des décisions collectives soient prises. Et notamment sur trois chantiers qui sont essentiels: le transport, le logement et l'alimentation.

Il faut pouvoir isoler ses logements, il faut qu'on arrête avec des politiques qui changent tous les matins sur le soutien. Il faut faire en sorte que les transports en commun soient moins chers, que le train soit moins cher que l'avion dans les destinations où il y a une concurrence. Et puis enfin, il faut travailler sur l'alimentation. J'ai un conseil dont on n'a pas parlé sur les petits gestes à faire, qui pour le coup est totalement écolo et très économique, c'est surtout de ne pas jeter de nourriture. On jette à peu près un tiers de ce qu'on produit en alimentation, ça, c'est catastrophique. Ça, ça a un impact écologique vraiment significatif.

Cécile Duflot