"Une lassitude": la "fatigue écologique" gagne les Français qui font moins de gestes pour la planète

Selon une étude réalisée par le magazine GEO et l’institut CSA, l’engagement des Français vis-à-vis de l’écologie est en baisse de deux points par rapport à l’année dernière. Un phénomène qui s’observe tout particulièrement dans les habitudes de consommation.
Le bio est en perte de vitesse. Seuls 32% des Français en achètent régulièrement, c’est cinq points de moins qu’il y a un an. En revanche, les produits d’origine animale, qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre, ont plus que jamais la côte.
La fast fashion, ces habits neufs bon marché fabriqués en Asie, séduisent 70 % des Français qui achètent de moins en moins de seconde main selon l’étude.
Et sur les modes de transport, on constate aussi que les Français délaissent les mobilités propres. Seuls 41% des Français roulent régulièrement à vélo ou choisissent de marcher, soit sept points de moins que dans le précédent baromètre. Moins d’un tiers des Français prennent les transports en commun. 30% des Français, aussi, disent préférer l’avion lorsqu'ils ont la possibilité d'opter pour un autre mode de transport comme le train. C’est le cas d’Antoine, 32 ans.
“Je préfère quand même largement prendre l'avion, ne serait-ce que pour aller dans certaines villes en France. On met trois fois moins de temps pour trois fois moins cher, avec trois fois moins de monde. C’est donc trois fois plus efficace”, estime-t-il.
Guidés par l'intérêt économique
Néanmoins, quand les Français y voient un intérêt économique, les gestes écolos sont largement adoptés. Plus de 8 Français sur 10 font ainsi attention à leur consommation d’eau et d’électricité.
Mais au-delà des contraintes économiques, cette fatigue écologique des Français s’explique parce que beaucoup se disent que leurs petits gestes ne vont pas changer grand-chose. Georges, 30 ans, fait partie de ces gens.
“Comment avoir un impact alors qu’on sait qu’il y a des industries qui polluent beaucoup plus ? Même si elles vont toujours devoir polluer pour plein de raisons, elles pourraient faire des efforts qu’elles ne font pas. Au bout d’un moment, on fait de moins en moins les choses et il y a un peu de lassitude effectivement”, juge-t-il.
Un besoin d'exemplarité
Une étude menée par le cabinet Carbone 4 estime que les gestes individuels ne représentent qu’un quart de l’effort à fournir pour limiter les émissions de CO2. Le reste doit être engagé par les entreprises et l'Etat selon Lucas Francou-Damesin, cofondateur de Parlons climat, une association qui analyse l’engagement écologique des Français.
“Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un vrai enjeu sur la répartition des efforts. Il y a une attente d’exemplarité, notamment de la part des élus. Et puis il y a cette attente de mise à disposition d'infrastructures qui permettent d’avoir ces comportements vertueux. C’est-à-dire que vouloir demander à quelqu’un de prendre des transports en commun dans des zones où il n’y en a pas, en fait ça ne veut rien dire”, pointe-t-il.
Il y a aussi les industriels qui suremballent leurs produits, ou encore les publicités alléchantes de loisirs polluants qui nous submergent… Tout cela fait qu'on a du mal à se dire qu'une vie plus sobre, plus écologique est possible. Et ça devient compliqué pour beaucoup de faire des efforts tout seul, dans son coin.