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Les maires, derniers élus qui ont notre confiance: "Les seuls à avoir autorité et proximité"

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Le 106e congrès des maires de France s'ouvre ce mardi 19 novembre. Une édition qui s’annonce houleuse, dans un contexte de baisse budgétaire. Pourtant, les maires sont les derniers élus en qui on a encore confiance, selon l'écrivain et éditeur Arthur Chevallier.

Dans la vie, on croit ce qu’on voit. Plus personne ou presque n’a confiance ni en la politique, ni en ceux qui la font, tout simplement parce qu’on n'en voit jamais les résultats. L’action publique n’a plus d’effets dans la vie quotidienne, donc on n’y croit plus. Et les maires sont les derniers à pouvoir montrer ce qu’ils font.

En général, ils restent très longtemps en poste: les municipalités en France, c’est la série Dallas. Des dynasties qui s’affrontent sans pitié. Des femmes et des hommes qui ont régné comme des seigneurs sur des villes pendant des décennies. La liste est très longues. Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux pendant 47 ans, Gaston Deferre, maire de Marseille pendant 32 ans, Jacques Médecin, maire de Nice pendant 24 ans, Pierre Mauroy, maire de Lille pendant 27 ans. Rendez-vous compte.

Alors que des présidents se démonétisent au bout de cinq ans, des maires gardent parfois leur cote de popularité jusqu’à leur mort. Ce succès, c’est la force de la proximité. Ça permet de faire des choses concrètes dans des délais raisonnables. Les maires ont des résultats, c’est pour ça qu’ils sont populaires. Comme quoi, la politique, c’est pas si compliqué.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Les maires, ces derniers élus qui ont notre confiance - 19/11
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Les maires ont-ils toujours été aussi populaires?

La fonction a connu des hauts et des bas. Même si ça ne s’est pas toujours appelé des "maires", il y a des personnes en charge des villes depuis le Moyen Âge. Les villes étaient d’ailleurs bien plus indépendantes de Paris qu’aujourd’hui. Le maire était élu ou nommé, ça dépendait des régions et des époques. Et à partir de la Révolution française, on crée les communes. Avec, à leur tête, un maire élu.

Les premières élections municipales ont lieu en février 1790. La même année, on crée la fameuse écharpe tricolore que portent encore les élus municipaux. Ça ne fonctionnait pas si bien que ça, car il y avait beaucoup de corruption et des problèmes d’incompétence. Donc Napoléon fait évoluer la fonction. Le maire n’est plus élu, mais nommé par le gouvernement. Ça devient une sorte de petit préfet. Et au XIXe siècle, les maires sont assez impopulaires. En gros, ils sont absents, feignants et corrompus.

Il faut attendre 1884 pour que les maires de toutes les communes soient élus au suffrage universel masculin. Mais avec une petite exception parisienne. Le pouvoir voulait garder la main sur la capitale. Il n’y aura plus de maire à Paris avant 1977. Et l’heureux élu, ça sera Jacques Chirac. Le job lui plaira tellement qu’il l’occupera pendant… 18 ans.

A quoi tient cette popularité?

La France, c’est un pays hyper centralisé. On prend des décisions pour tout le monde depuis Paris. Quand tout fonctionne, ça pose pas de problème, mais quand ce n’est pas le cas, on accuse la capitale d’être déconnectée. C’est la situation qu’on connaît en ce moment. Les maires sont les seuls à incarner en même temps l’autorité et la proximité. Réduire leur budget, c’est réduire leur pouvoir. Et les Français n’auront alors plus personne vers qui se tourner.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)