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Mobilisation du 10 septembre: "Les 'Nicolas qui paie' veulent que ça pète au niveau fiscal"

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Alors que la date du 10 septembre approche, le Premier ministre François Bayrou s'est dit attentif au mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur. De nouveaux politiques ont relayé l'appel à descendre dans la rue et faire tomber le gouvernement.

François Bayrou se dit attentif au mouvement du 10 septembre. Un mouvement qui prend de plus en plus d'ampleur sur les réseaux sociaux. Venus d'horizons divers, des appels à "tout bloquer" dans le pays à cette date se multiplient, en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou.

Jean-Luc Mélenchon, notamment, a appelé ce week-end dans La Tribune dimanche à censurer le Premier ministre et soutenir le blocage du 10 septembre. Un appel relayé par nombre de députés donc Manuel Bompard qui appelle à "tout bloquer" et "à se mettre au service de ce mouvement".

Matignon reste, de son côté, "vigilant" et "se montre attentif à tous ces mouvements de contestation".

"Faire un débat"

Pour l'ancien député Renaissance de l'Hérault Patrick Vignal: "On a une France à la fois déçue et en colère". Il prend exemple sur la crise des Gilets Jaunes en 2018: "Quand les gens descendent dans la rue, il y a deux façons de les aborder. Soit on les méprise en disant 'circulez, il n'y a rien à voir', soit on a une réflexion sur ce qu'est la démocratie active aujourd'hui et comment on peut partager le pouvoir".

"Je suis aussi inquiet car je ne sais pas l'issue de ce mouvement et il ne faudrait pas que des extrêmes viennent pour casser", poursuit-il face aux Grandes Gueules.

Alors, à la place, il propose de "faire investir les salles municipales pour en faire un débat, une discussion". Un débat qui, selon lui, devrait tourner autour des revenus: "On a une France qui vit au-dessus de ses moyens. Comment puis-je demander à ma petite mamie qui vit au minimum vieillesse de payer 50 centimes de plus sur ses médicaments?"

"C'est la nouveauté depuis quelques années alors que François Hollande a une retraite de 35.000 euros par mois. On marche sur la tête. Qu'est-ce que je devrais dire aux Français de se serrer la ceinture?", s'exclame Patrick Vignal.
10 septembre : ça va péter ? - 19/08
10 septembre : ça va péter ? - 19/08
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"Les gens en ont marre"

Lui qui a été élu en 2012 pense "qu'il faut revoir l'organisation de notre pays et on est tous responsables". Il pointe notamment du droit des partis politiques: "Vous avez LFI qui drague sans vergogne les quartiers populaires, qui se sert de la guerre à Gaza pour avoir des voix, et vous avez le RN qui dit que c'est de la faute des immigrés et des arabes".

Le cheminot Bruno Poncet, chroniqueur aux Grandes Gueules, n'est pas de cet avis. Selon lui, "Emmanuel Macron est au pouvoir depuis 8 ans et il n'y a rien qui va. Le vrai sujet à la base c'est que les gens en ont marre, ceux qui travaillent, qu'on vienne les taxer, on leur parle de leur prendre deux jours fériés".

"Ils en ont marre de travailler et de ne pas réussir à vivre avec leur salaire", dénonce-t-il sur le plateau.

"Que ça pète au niveau fiscal"

Opinion partagée par Nicolas, expert comptable dans le Val-de-Marne et auditeur de RMC. Il fait partie de l'un des groupes qui animent le 10 septembre, appelé 'c'est Nicolas qui paie'". Cette expression, très vite devenue populaire, représente le Français moyen qui paie des impôts mais ne reçoit rien en retour. La marque a même été déposée officiellement en juin.

Pour cet auditeur, qui utilise le surnom Nicolas, cette contestation du 10 septembre n'est pas une opportunité pour tout casser mais bien de dénoncer.

"L'idée c'est que ça va peut-être péter mais on veut que ça pète au niveau fiscal, Nicolas c'est un ras-le-bol fiscal, ce n'est pas une haine contre les policiers ou politiques", explique l'expert comptable aux Grandes Gueules.

La haine monte

Il est tout de même un peu inquiet lui aussi, car "de la colère des Gilets Jaunes, je sens monter une haine, qui se traduit sur tout ce qui est politique". Et ce qui ne le rassure pas, c'est que "ça devient presque de la haine malsaine, des gens qui parlent de guillotine, de choses délirantes". Il perçoit également "systématiquement une haine contre LFI".

"Les gens sont divisés en permanence. Moi je dis toujours, notre parti la France avant les partis politiques", martèle ce Nicolas.

Voulant se montrer rassurant, il l'affirme: "L'idée n'est pas de casser le pays", mais "à un moment donné, on est obligés de faire une rupture à tous ces univers politiques. On a la classe politique la plus corrompue d'Europe".

"Les petites entreprises payent plus que les grandes. Les petits particuliers plus que les ultra riches. On est dans une inégalité fiscale. Rayons 'Égalité' de tous les bâtiments publics", proteste-t-il.

"Je travaillais trop"

Exemple avec Yvonnick, jeune retraité, lui aussi auditeur. Il ira pour la première fois de sa vie dans la rue: "C'est un ras-le-bol fiscal. Je suis obligé de continuer à travailler encore un peu, je n'ai que 50% de ma retraite". Pourtant il l'affirme: "J'ai bossé toute ma vie, j'ai eu un jour de chômage, et seulement 8 jours d'arrêts maladie. Avec 40°C de fièvre, je montais dans mon camion et je travaillais".

"Je considère que la dette ce n'est pas moi qui l'ai créée. Je n'ai jamais rien touché, je n'ai jamais pu aller à la piscine municipale de ma commune parce que je travaillais trop", raconte Yvonnick.

Finalement, "tout ce qui est fait avec mon argent, mes impôts, je n'en profite même pas". Il souhaite donc se mobiliser le 10 septembre pour montrer son mécontentement. Il répondra "bien évidemment" aux appels à retirer de l'argent de son compte et descendre dans la rue, et espère "pouvoir mettre de l'eau au moulin", conclut-il.

Solenn Guillanton