"On parle une langue créole": Jean-Luc Mélenchon estime qu'il faudrait appeler la langue française autrement

La langue française ne doit plus être appelée le français. C'est ce qu'avance le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. "Si quelqu’un pouvait trouver un autre nom pour qualifier notre langue, il serait le bienvenu. La langue française n’est pas la propriété singulière de la France, et surtout pas de ceux qui voudraient figer l’identité française dans sa langue ", a-t-il assuré le 18 juin à l'occasion d'un colloque sur la francophonie à l'Assemblée nationale, selon des propos rapportés par plusieurs médias dont le Huffpost.
"Il y a de tout et c’est tant mieux"
"La créolisation est notre maître-mot. Et si nous voulons que le français soit une langue commune, il faut qu’elle soit une langue créole. Je préfèrerai qu’on dise que nous parlons tous le créole parce que ce serait plus vrai de dire que l’on parle le Français", ajouté Jean-Luc Mélenchon.
La créolisation est un terme pour désigner le processus de création d’une nouvelle culture lorsque plusieurs d’entre elles se mélangent participant à des métissages de population et des créations linguistiques comme ce fut le cas aux Antilles notamment.
Car le français, qui s'est répandu dans le monde "à la faveur du colonialisme", rappelle le leader insoumis, est aujourd'hui parlé quotidiennement par plus de 275 millions de personnes dans le monde, dont presque 50 millions rien qu'en République démocratique du Congo, à 5.000 km de la France métropolitaine.
Et sans nier les racines latines et grecques du français, Jean-Luc Mélenchon rappelle que la langue a "emprunté de tous les côtés": "Voilà pourquoi il y a tant de mots d’arabe en français, il y a aussi des mots russes, espagnols, hébreux. Il y a de tout et c’est tant mieux ", poursuit le leader insoumis.
"Il veut détruire l'identité française"
Une position qui fait réagir les Grandes Gueules ce mercredi: "Le français n'est pas une langue morte mais vivante, elle évolue forcément", note la professeure de français Fatima Aït-Bounoua.
"Il sait déjà que ça va créer la polémique et que les gens ne vont pas comprendre", nuance-t-elle.
Justement à droite et à l'extrême-droite, personne ne s'est fait prier pour commenter la sortie du leader insoumis: "La langue française appartient aux Français, c’est notre patrimoine le plus précieux", a répliqué le ministre de la Justice Gérald Darmanin. "C’est notamment celui des Français les plus modestes, que vous méprisez dans leur identité".
"C'est un programme de menace et d'intimidation, il veut détruire l'identité française. éradiquer toute trace de la culture et mettre les Français sous une forme de stress identitaire" estime sur RMC et RMC Story le prof de philosophie des GG Jean-Loup Bonnamy.
Mais Fatima Aït-Bounoua estime que la sortie de Jean-Luc Mélenchon est intéressante pour aborder "la maîtrise de la langue": "Il faut habiter sa langue pour avoir des mots pour exprimer ses émotions et ce rapport à la langue on l'a souvent négligé".