"On est en train de pourrir la vie des gens": la colère des acteurs de la solidarité sur la loi immigration

Les associations en colère après le vote de la loi immigration. Invité d’Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, annonce qu’il va se joindre à la saisine du Conseil constitutionnel concernant plusieurs mesures contenues dans le texte adopté la veille par le Sénat et l’Assemblée nationale. Les durcissements des conditions d’attribution des allocations familiales et de l’aide au logement le heurtent profondément.
"Ce qui est terrible, c’est qu’on va pourrir la vie de gens qui ne demandent qu’à travailler, à se loger, à se nourrir, lance Pascal Brice. On va pourrir la vie aussi des travailleurs sociaux, des bénévoles qui les accompagnent, des chefs d’entreprise qui vont encore moins pouvoir recruter. Et tout ça, sans apporter le moindre élément de maîtrise et de contrôle de l’immigration, ce qui est nécessaire par ailleurs. Non seulement, on ne dissuadera personne de venir, mais les gens vont être sortis des hébergements d’urgence, mis à la rue, avec moins de possibilités de se soigner, de travailler… On est en train de marcher sur la tête, de pourrir la vie des gens."
"Nous allons participer à la saisine du Conseil constitutionnel, confirme le président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Discriminer entre les Français et les étrangers sur les aides sociales, j’espère que c’est encore contraire à la Constitution de la République. Et nous allons continuer à nous mobiliser, pour être là, auprès de ces hommes et ces femmes, des travailleurs sociaux, des bénévoles dans les associations, des entreprises, pour résister tranquillement et fermement à cette dérive. Et pour se rendre compte qu’on est en train d’installer, non pas de la fermeté, mais du désordre. J’ai eu des appels cette nuit et ce matin d’hommes et de femmes dans les associations qui sont très touchés, très en colère, dans l’incompréhension. Ils sont dans la vraie vie. Nous allons être là pour essayer d’éviter que ce pays bascule dans le vide, comme ça a commencé à être le cas cette nuit."
"Rien" à attendre de l’intervention d’Emmanuel Macron
Selon Pascal Brice, "ce qui a été voté hier (mardi) est un recul par rapport aux possibilités d’accéder au travail". "Pour travailler, dans ce pays, il faut normalement avoir un titre de séjour. Là, ce qui a été voté, ce sont des difficultés supplémentaires pour accéder à un titre de séjour, et aussi pour les aides au logement, souligne-t-il. Les gens qui ont voté ça ne prennent pas la mesure de ce que vivent les gens dans ce pays, qu’ils soient étrangers ou français. Qui, aujourd’hui, avec un travail normal, peut avoir un logement sans aide au logement? Si vous n’avez pas d’aide au logement, vous êtes dans la rue. Comment est-ce que vous travaillez?"
Et le président de la Fédération des acteurs de la solidarité n’attend "rien" de la prise de parole d’Emmanuel Macron sur le sujet de la loi immigration, ce mercredi soir sur France 5. "Il semble que le président de la République ait réagi en disant qu’il ne voyait pas le problème. Cette classe politique a fait preuve de cynisme, sur tous les bancs, dénonce-t-il. Ils ne savent pas ce que les hommes et les femmes qui nous écoutent vivent. Parmi les étrangers, évidemment qu’il y a des délinquants et des voyous qui devraient être reconduits dans leurs pays, mais cette loi n’apporte rien de ce point de vue-là non plus. Le président peut faire un énième discours, mais il semble qu’il ne comprend pas ce qu’il se passe pour tous ces gens. Nous, nous le savons, et nous allons continuer à travailler."