"On fait plus peur aux Français que le RN": la Nupes à la recherche de sa crédibilité

Après un an de Nupes, certains s'inquiètent d'une crédibilité au plus bas. L'objectif initial était pourtant de montrer que la gauche était prête à gouverner, et même prête à conquérir Matignon. Mais aujourd’hui, pour beaucoup, le bilan est désastreux. "C'est simple, aujourd'hui, on fait plus peur aux Français que le RN", déplore un député PS.
Dernière image en date, dimanche dernier. Un élu apparenté LFI, Christophe Prudhomme, qui scande dans une manifestation improvisée: "Louis XVI on l'a décapité, Macron on peut recommencer". Un slogan qui scandalise certains. "Les gens devraient avoir l'impression qu'on peut faire respecter l'ordre, et là, on en est loin", s'inquiète un député insoumis.
Un exemple qui s'ajoute à d'autres, nombreux. Pendant le débat des retraites, Olivier Dussopt a été comparé à un assassin par l'insoumis Aurélien Saintoul et son collègue Thomas Portes a posé fièrement le pied sur un ballon à l'effigie du ministre.
Enfin, l'autre faiblesse de la gauche, c'est le manque de cadres expérimentés. Sur 150 députés Nupes, il n'y a que deux anciens ministres, et ils n'ont que peu d'influence sur la stratégie de leur camp.
Travailler, même avec la majorité?
Certains ont des idées pour tenter de se montrer plus crédibles et responsables. En montrant par exemple que la gauche n'est pas seulement dans la rue à taper sur des casseroles, mais qu'elle est aussi capable d'investir les institutions. "On doit réussir à se dédiaboliser", ose même un socialiste. Par exemple, Eric Coquerel, sans doute l'insoumis qui a le plus de pouvoir puisqu’il est président de la prestigieuse commission des finances à l'Assemblée, s'efforce d'avoir les relations les plus cordiales et constructives possibles avec les ministres Bruno Le Maire ou Gabriel Attal. Jeudi, il fera symboliquement entrer LFI à la Cour des comptes pour une conférence. Autour de lui notamment, un économiste du FMI et un représentant de la banque Société Générale.
Autre exemple, la vice-présidente de l'Assemblée, insoumise elle aussi, Caroline Fiat, qui assure oublier son étiquette politique quand elle monte au perchoir pour être neutre et respectée, et même quand elle rend visite au préfet de police de Paris.
Des efforts vains?
Enfin, des élus Nupes cherchent aussi à travailler main dans la main avec la droite ou des macronistes sur des sujets très précis. L'encadrement des pratiques des influenceurs, l'encadrement d'Airbnb ou encore un travail sur les déserts médicaux.
Pourtant, on ne peut pas dire que pour l’instant, ces efforts portent leurs fruits. D'abord, parce que cette quête de crédibilité est marginale. Ceux qui veulent faire le jeu des institutions se sentent bien seuls. "On ne progresse pas alors qu'on est dans un moment de gauche. Ça devrait tous nous empêcher de dormir", déplore un socialiste.
Ses camarades sont nombreux à considérer la stratégie mauvaise. Pour eux, l'heure est à la "radicalité", et non à la "tiédeur". Pourtant, la gauche à l'Assemblée donne le sentiment d'être prise en étau dans l'opposition. D'un côté, le RN qui contraste avec son apparente sagesse. "Pour nos électeurs, le RN, c'est le programme de la gauche, le costume cravate en plus", rage un élu Nupes. De l'autre côté, les syndicats, interlocuteurs désormais recherchés et convoités du pouvoir.