Pas de majorité absolue à l'Assemblée: comment nos voisins européens ont géré cette situation
C'est le principal enseignement des résultats des élections législatives en France: aucun parti ne dispose d’une majorité absolue à l'Assemblée. Une situation que l’on a déjà rencontrée en Belgique, en Italie ou en Allemagne.
En Italie par exemple, lors des dernières élections législatives en mars 2018, pas de majorité. Une première coalition se forme, mais éclate au bout de trois ans. Cette fois, c’est la crise. Le pays semble ingouvernable. Après plusieurs semaines de blocage, le président appelle finalement à l’aide un banquier de 74 ans, Mario Draghi, président de la banque centrale européenne. Il parvient à former un gouvernement d’union nationale qui va de la gauche radicale à la ligue d'extrême droite, en passant par le mouvement 5 étoiles. Les Italiens approuvent. Le Premier ministre bénéficie de 85% d’opinion favorable et ce gouvernement est en place depuis bientôt un an et demi.
Ce scénario italien est-il imaginable en France? Pas vraiment, sauf à imaginer qu’Emmanuel Macron fasse appel à Christine Lagarde, qui parviendrait à former un gouvernement avec par exemple comme ministres à la fois Jordan Bardella, Alexis Corbière et Bruno Le Maire… Ce qui semble difficilement envisageable.
De son côté, la Belgique a connu deux graves crises politiques. En 2010-2011, le pays est resté 19 mois sans gouvernement. Puis record battu entre 2018 et 2020, 22 mois sans gouvernement. Finalement, un jeune libéral flamand, Alexander de Croo, parvient enfin à former une large coalition en octobre 2020. On l’appelle la coalition Vivaldi parce qu’elle rassemble les quatre grandes familles politiques du pays. Quatre familles comme les “Quatre Saisons” de Vivaldi et ça marche depuis un peu plus d’un an et demi.
Même question, ce scénario belge est-il imaginable en France ? Pas du tout, parce que la France ne pourrait pas rester deux fois près de deux ans sans gouvernement. En Belgique, cela a été possible parce que le pays est très décentralisé. Il a été géré par les régions, les communes et les institutions communautaires.
Le système allemand, le plus transposable en France?
Dernier exemple, l’Allemagne. Aucun parti n’a obtenu la majorité aux dernières législatives en septembre dernier. Le chef du parti arrivé en tête, le social-démocrate Olaf Scholz, a proposé aux deux partis arrivés 2e et 3e de former une coalition. Les trois formations se sont mises autour d’une table et elles ont négocié d'arrache-pied pendant deux mois. Des négociations qui ont abouti à un programme extrêmement détaillé, un contrat de 177 pages qui prévoit l'augmentation de 400 euros du Smic, la libéralisation du cannabis, le nombre d'éoliennes à construire, les limitations de vitesse, entre autres… Et depuis décembre, le gouvernement applique à la lettre ce programme de coalition.
Un scénario qui théoriquement serait transposable en France. On pourrait imaginer un contrat de gouvernement entre “Ensemble” et “Les Républicains" puisque ces deux formations associées disposeraient de la majorité absolue. Sauf que dimanche, le patron de LR et les principaux leaders des Républicains ont écarté l’idée, en disant que les Républicains restaient dans l'opposition.
On ne va donc dans un premier temps s'inspirer ni des Italiens, ni des Belges, ni des Allemands. On va tester un système à la française, à la recherche d’une majorité au coup par coup sans savoir vraiment si ça peut marcher.