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Pour Gérald Darmanin, une victoire de Marine Le Pen en 2027 "est assez probable"

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la commission des Lois de l'Assemblée nationale (Paris) le 19 juillet 2023.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la commission des Lois de l'Assemblée nationale (Paris) le 19 juillet 2023. - Emmanuel Dunand

Selon le ministre de l'Intérieur, dans un entretien accordé à La Voix du Nord, une victoire de la cheffe de file du Rassemblement national est "assez propable".

Dans un entretien donné jeudi 24 août à La Voix du Nord, Gérald Darmanin estime qu'une victoire de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2027 est "assez probable" si la majorité "laisse filer les classes populaires et moyennes" chez la leader du RN.

"Le fait est que dans cinq ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu'une ou un candidat. Et que nous ne nous fondions pas seulement sur les gagnants de la mondialisation et les élus des centres-villes, car ça ne fait pas 51% des voix", juge le ministre de l'Intérieur.

Pour Darmanin, la "question sociale" est essentielle

Il poursuit: "si on laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes chez Marine Le Pen, les cadres sup ne nous emmèneront pas au second tour". Gérald Darmanin organise sa première rentrée politique ce dimanche dans son fief électoral de Tourcoing, où sont attendus plusieurs ministres et plusieurs dizaines de parlementaires, quelques semaines après le remaniement ministériel et le maintien à Matignon d'Elisabeth Borne.

"Dimanche, je dirai que la question sociale est essentielle. C'est ça qui ferait élire Marine Le Pen en 2027, pas la question migratoire. En 2007, rappelons-nous, Nicolas Sarkozy n'est pas élu sur l'identité nationale, mais sur la question du travail. Il faut donc que nous nous y attaquions", insiste-t-il.

"J'ai quelques idées sur ce qu'attendent les classes populaires: un retour de l'autorité à l'école et dans la rue, davantage de fermeté de la justice et des forces de l'ordre. Les gens réclament aussi de pouvoir vivre du fruit de leur travail", expose le ministre de l'Intérieur.

Frustré de ne pas pouvoir exposer son avis politique

L'ex-dirigeant des Républicains (LR), rallié à Emmanuel Macron dès 2017, "plaide par exemple pour le décalage de la baisse des impôts de production des entreprises", et souhaite qu'"une partie" d'entre elles fasse des "efforts" sur les salaires.

"J'ajoute qu'il nous faut nous préoccuper d'un prolétariat nouveau constitué par toutes ces familles monoparentales qui ne s'en sortent pas. Ce qui n'allait pas dans la réforme des retraites, c'est qu'on leur demandait en effet de travailler plus dans les conditions actuelles", ajoute-t-il.

Interrogé sur le récent remaniement, Gérald Darmanin assure qu'il a "toujours pensé que le président de la République ne changerait pas de gouvernement". Mais il se dit "parfois frustré" de ne pouvoir exposer son "avis politique".

"Je l'ai dit au président, il faut laisser les sensibilités s'exprimer. Je n'ai pas la même que Bruno Le Maire, ça ne m'empêche pas d'apprécier d'être au gouvernement avec lui".
CA avec AFP