"Pour le moment, c'est du vent": le PS attend beaucoup de sa dernière rencontre avec le Premier ministre

Les représentants du Parti socialiste sont à nouveau reçus à Matignon à 10h30 ce vendredi matin. Lors du premier rendez-vous, ils étaient ressortis bredouilles, sans aucune annonce. Cette fois-ci, ils espèrent un geste de Sébastien Lecornu. Sinon ils se disent prêts à le censurer dès sa déclaration de politique générale dans les prochains jours, et avant même le début de l'examen du budget à l'Assemblée.
24 heures avant ce rendez-vous, jeudi, l'entourage du Premier ministre a mis sur la table des pistes en faveur du pouvoir d'achat pour les salariés avec notamment des baisses de prélèvements.
Le Premier ministre souhaite d'abord que les contribuables en couple payent moins d'impôt sur le revenu alors qu'aujourd'hui, leur ardoise fiscale est plus lourde que celle des célibataires. Sébastien Lecornu étudie également l'idée d'exempter d'impôt sur le revenu la prime Macron, c'est-à-dire la prime de partage de la valeur pour les salariés qui touchent moins de 3 fois le SMIC. Il réfléchit enfin à baisser la taxe sur les dons des grands-parents vers leurs petits-enfants. Dernière piste: favoriser les heures supplémentaires, en allégeant les cotisations.
Le PS pas satisfait
Des mesures qui ressemble à du “grand délire”, pour Philippe Brun, député PS de l’Eure. Sur RMC ce vendredi matin, il détruit une à une les mesures avancées par Matignon.
“Je n’ai jamais vu ça. Il dit ‘je vais baisser les impôts pour les gens qui sont au Smic’. Mais ils ne payent pas d’impôt. Ensuite, sur les heures, supplémentaires, elles sont déjà défiscalisées. Qui fait plus de 7500 euros d’heures supplémentaires par an? Le Smic est à 10 euros de l’heure, qui fait plus de 750 heures supplémentaires par an? Personne, c’est du vent”, indique-t-il.
Et il poursuit pour le reste des mesures. “Ensuite, sur la prime Macron, il veut la rétablir, mais elle n’a jamais été supprimée. Et elle est défiscalisée et désocialisée déjà. Et enfin, il dit ‘on va aider les transmissions aux petits-enfants’. Aujourd’hui, vous pouvez donner à vos petits-enfants, 31.000 euros par petit-enfant. C’est-à-dire que si vous en avez quatre vous pouvez donner 120.000 euros sans aucune taxe ni pour vous ni pour vos petits-enfants. Qui en France est concerné à plus de 120.000 euros à donner de son vivant à ses petits-enfants?”, appuie-t-il.
Le PS espère donc ce vendredi matin en obtenir plus pour épargner au futur gouvernement la censure. Un rendez-vous décisif, donc. "Les premières pistes de Lecornu sont faiblardes. Il faut un sursaut" appelle un visage du PS, agacé comme d'autres par le Premier ministre avec qui il n’y a eu aucun échange sérieux ni discussion technique avec lui depuis le dernier rendez-vous.
La menace de la censure toujours présente
Philippe Brun, député PS de l'Eure, était invité sur RMC ce vendredi. Il a ironisé sur cette nouvelle rencontre. “Il est censé nous faire des révélations spectaculaires ce matin alors on verra bien ce qu’il nous dira à 10h30. En-tout-cas, nous, on a demandé quatre choses. D’abord que les gels qui sont proposés, ne touchent pas la classe moyenne et les classes populaires. Deuxième chose qu’il y ait de la justice fiscale, troisième chose, qu’il y ait une mesure pour le pouvoir d’achat importante et quatrièmement, on demande à ce qu’on suspende la réforme des retraites”, appuie-t-il.
Car pour le PS, actuellement le compte n'y est pas et le risque de censure est imminent, prévient Olivier Faure à la tête du PS.
“Pour l’instant aucune mesure qui a été rendue publique n’est de nature à infliger notre propre position. J'avais compris lorsqu’il est arrivé à Matignon qu’il était prêt à une rupture. Avouez que pour l’instant, on est loin d’avoir vu une table se renverser”, assure-t-il.
Jusqu'à présent, le Premier ministre a surtout cherché à solidifier sa base. Pour satisfaire les socialistes, "il faut maintenant qu'il se fasse mal et que ça apparaisse comme un renoncement", insiste un de ceux reçus ce vendredi matin.
Mais d'autres au PS invitent à la retenue et à ne pas censurer tout de suite. Un proche de François Hollande insiste: "laissons le Parlement travailler. Nous serons plus forts en disant que nous avons joué le jeu jusqu'au bout".