Premier ministre: "Être en retard, c’est devenu la façon de gouverner d’Emmanuel Macron"

"Je resterai le maître des horloges, il faudra vous y faire". Cette phrase, c’est Emmanuel Macron qui l’a prononcée avant même de devenir président. Et on n’est pas déçus. Être en retard, c’est devenu sa façon de gouverner. Ça fait sept ans qu’on l’attend.
Parmi ses prédécesseurs, celui qui a fait de la maîtrise du temps un vrai outil politique, c’est François Mitterrand. Il était systématiquement en retard, annulait n’importe quel rendez-vous à la dernière minute et convoquait qui il voulait dans l’heure. Pour ne pas dépendre des journalistes et de leur agenda, il avait même fait construire un studio dans l’Elysée, qui reproduisait exactement son bureau. Nicolas Sarkozy, lui, c’était le contraire. Une montre suisse. Il était à l’heure, à la seconde près, voire en avance. Il voulait que tout se termine avant même que ça commence. Quand il dînait, même avec un chef d’Etat, il pressait les serveurs parce qu’il voulait rentrer chez lui.
Faire comprendre qui est le chef
La politesse à la française, c’est d’être ponctuel en principe. Mais la ponctualité peut aussi devenir une sorte de tyrannie. Prenez l’exemple de Louis XIV. Il faisait tous les jours la même chose à la même heure. La cour, les ministres, sa famille, toute le monde avait son agenda. Et histoire de bien saouler tout le monde, il fallait être autour de lui en permanence. Par exemple, Louis XIV se levait tous les matins à 8h30 et se couchait tous les soirs à 22h30. Ça a duré toute sa vie. Il s’habillait, se rasait et faisait même ses besoins en public. C’était d’ailleurs un grand honneur d’avoir le droit d’y assister.
Le pouvoir, c’est faire comprendre aux autres qu’on les contrôle. Quand quelqu’un prend le pouvoir, ça peut même lui arriver de changer le calendrier. C’est une marque de puissance. Sous la Révolution française, on abolit le calendrier chrétien pour marquer une rupture. Les révolutionnaires imposent un calendrier révolutionnaire. On change les noms des mois et l’An I, c’est le début de la Révolution. Ça sera aboli plus tard et on reviendra au calendrier chrétien, le nôtre.
Donc Emmanuel Macron veut nous faire comprendre qu’il est le chef. Être en retard, c’est signifier à quelqu’un qu’il peut attendre. C’est une petite humiliation. Ça permet aussi à Emmanuel Macron de rappeler que rien ne peut commencer tant qu’il n’est pas là. Ça lui permet d’avoir un coup d’avance sur les autres. Regardez, ça fait presqu’une semaine qu’on attend qu’il nomme un Premier ministre. Mais attention à ne pas en abuser. Quand on attend trop longtemps, parfois, on s’en va.