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Présidentielle: le vote préférentiel, ou comment trouver "le candidat qui vous décevra le moins"

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- - Lionel Bonaventure - AFP

Et si au lieu de choisir un seul bulletin lors du vote à la présidentielle, on donnait son classement des candidats par ordre de préférence? Ce type de vote, appelé vote préférentiel, existe en Irlande ou en Australie. Un site Internet, Merci Alfred, a organisé en ligne un scrutin de ce type. Résultat, c'est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête, devant Emmanuel Macron. Maxime Froissant, rédacteur en chef de Merci Alfred, explique sur RMC.fr l'intérêt d'un tel vote.

Maxime Froissant est le rédacteur en chef du site Merci Alfred, qui a lancé un scrutin en ligne sur le mode du vote préférentiel.

"On s'est demandé: qu'est-ce qui se passerait si on utilisait une autre technique de vote pour la présidentielle? On a regardé ce qui se faisait dans d'autres pays, et on est tombé sur le vote préférentiel, utilisé en Irlande, en Australie et à San Francisco. C'est simple et accessible: on a 11 candidats, il suffit de les classer par ordre de préférence. Nous ne sommes pas un média politique, mais on a décidé de lancer ce vote sur notre site, et il y a eu un gros intérêt. On a eu 45.000 participants, dont 20% provenaient de nos lecteurs habituels et 80% venaient des réseaux sociaux et des médias qui nous ont diffusé.

C'est donc Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête de notre vote préférentiel, loin devant Emmanuel Macron. On a été étonné par le résultat. Maintenant, notre échantillon n'est pas représentatif de tous les électeurs français. On a un public plutôt jeune, plutôt urbain, CSP+... Et notre consultation a débuté au lendemain du premier débat télévisé, où la prestation de Jean-Luc Mélenchon a été saluée.

"La plupart des Français n'ont connu aucun autre système politique"

Le premier intérêt de l'expérience, c'était d'envisager le vote de manière différente, alors que les gens sont plus indécis que jamais. Avec ce vote représentatif, le choix n'est pas binaire: on ne choisit pas entre noir et blanc, on classe ceux que l'on considère comme étant les meilleurs candidats. L'idée, c'est de trouver un candidat consensuel qui déçoive le moins de personnes possibles. L'autre ambition du vote alternatif, c'est aussi de minimiser le sentiment de déception des électeurs puisque avec ce système tous les votes sont pris en compte à chaque étape du scrutin. Enfin, ça permet d'adoucir le côté clivant des dernières élections présidentielles.

La constitution date de 1958 et la plupart des Français n'ont connu aucun autre système politique, alors que dans l'histoire, les institutions ont évolué et se sont adaptées. Beaucoup de gens se disent qu'il est temps de tester autre chose, tout en ayant le sentiment que les institutions politiques sont intangibles et qu'on ne peut pas les faire évoluer. Ce qui est faux, comme on le voit dans d'autres pays. A cela s'ajoute une volonté de changer les choses, c'est un sentiment dans l'air du temps."

Propos recueillis par Philippe Gril