Propos de Xavier Bertrand sur LR: "La question n'est pas de savoir qui est le plus à droite!"

Florence Portelli. - AFP
Florence Portelli, maire Les Républicains de Taverny (Val d'Oise), vice-présidente du groupe LR à la Région Ile-de-France (présidée par Valérie Pecresse), et ancienne porte-parole de François Fillon pendant la campagne présidentielle.
"Xavier Bertrand annonce qu'il renonce à briguer la présidence des Républicains? Très bien, j'en prends acte. Il dit du bien de Valérie Pécresse (qu'il soutiendra si elle brigue la présidence face à Laurent Wauquiez, ndlr)? Cela ne peut pas me chagriner parce que je travaille avec elle, que c'est une personne de très grande qualité et qu'elle représente une droite que j'aime bien. Après pour moi, ce qui compte, c'est le débat de fond et pas des personnes.
"C'est vrai que notre parti dysfonctionne depuis longtemps, mais…"
Quand Xavier Bertrand dit que le parti dysfonctionne depuis longtemps, c'est vrai. Pareil quand il dit que c'est un parti qui fonctionne de manière très verticale. Après, je ne suis pas d'accord avec lui quand il dit qu'il ne croit plus aux partis.
Ce n'est pas parce que notre parti est en très mauvais état, qu'il faut le renouveler, qu'il faut changer ses pratiques et surtout renouveler son logiciel idéologique, qu'il est absurde en tant que tel. Regardez, la première chose qu'Emmanuel Macron a fait, c'est de créer un parti politique. Un parti politique, c'est une bonne chose.
Après l'état de décrépitude de la droite pose le problème des idées. Le problème pour notre parti date, selon moi, de la création de l'UMP (ancien nom des Républicains, ndlr) en 2002. Sa fabrication n'a pas permis de dégager une ligne politique claire, notamment sur la construction européenne ou sur la fracture sociale. Il y a des sujets qui ont été totalement occultés à cause de cette réunion entre des libéraux, des centristes, des gaullistes, des souverainistes, des fédéralistes... On n'a pas travaillé réellement le fond, seulement des mesures programmatiques de gouvernement, dont certaines étaient par ailleurs très intéressantes. Mais on n'a pas eu de vision à long terme de l'état réel du pays.
"Si on part sur une querelle de coqs…"
A l'UMP puis aux Républicains, les gens se sont réunis sur des mesures pragmatiques avec comme logiciel commun, en gros, la réduction des déficits, l'assouplissement des normes en matière de travail, un durcissement des lois pénales et un rétablissement progressif de l'autorité de l'Etat. Mais c'est un logiciel qui n'apporte pas une vision de la société, de l'Europe et du monde à long terme. Ce logiciel ne répond toujours pas à des questions fondamentales qui font qu'une partie de la population ne vote pas ou se sent abandonnée, comme une grande partie de nos zones rurales, une petite partie des classes moyennes et ceux qui gagnent à peine le Smic.
Depuis la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1995 sur la fracture sociale, il y a dans notre parti un abandon de ces thématiques-là qui ont abouti à la situation que l'on connaît. C'est plus profond et beaucoup plus important idéologiquement que des simples questions de querelle entre des gens qui seraient plus ou moins à droite. Si on part sur une querelle de coqs, ça ne résoudra pas le travail de fond que nous devons mener et qui va prendre du temps.
"Je n'ai jamais vu de débats qui dérapaient"
Ce qui se passe aujourd'hui au sein des Républicains, c'est finalement extrêmement classique quand vous venez de prendre une énorme défaite électorale. On a connu ça dans les années 90, à l'époque du RPR, où il y a eu plusieurs crises. Cela n'a rien de nouveau.
Quand vous prenez une claque, il y a ce type de remise en question des leaders et une crise de leadership. Nous avons connu ça en 2012 suite à l'affrontement Copé – Fillon où il a fallu instaurer une direction collégiale.
Mais entre ce qui est dit dans la presse et la réalité des affrontements lors de nos débats, il y a un écart important. Il y a des différences de fonds certes, mais je suis au bureau politique depuis près de 4 ans et je n'ai jamais vu de débats qui dérapaient. Le seul vrai divorce, c'est avec les autoproclamés 'constructifs' qui sont partis vers En Marche."