Retrait des listes socialistes en Paca: "Je vais voter Estrosi, mais avec un mal au ventre"

REPORTAGE - En Paca, élus et électeurs sont en colère face à l'idée que la gauche ne dispose d'aucun élu au Conseil régional pour les cinq ans qui viennent dans l'un de ses bastions historiques passe mal. Ils refusent donc la décision de la direction du PS d'exiger le retrait de la liste PS-PRG de Christophe Castaner et appellent à son maintien.

Le PS a tranché dès dimanche soir, il n'y aura pas de candidat socialiste au second tour dans la région Provence-Alpes-Côte-D'azur (Paca), afin de faire barrage au FN. Arrivé troisième du premier tour, avec moins de 17% des voix, le candidat PS Christophe Castaner l'a répété ce lundi, il n'y a "pas d'autre choix que le retrait" selon lui, pour faire barrage au FN arrivé largement en tête avec près de 41% des voix pour Marion Maréchal-Le Pen. A contrecœur, il appelle donc à voter pour la liste Les Républicains de Christian Estrosi (26%). Une décision qui passe mal sur le terrain comme a pu le constater RMC dans le Vaucluse, où la liste socialiste est arrivé deuxième, derrière le FN, avec 18% des voix.

"Une sacrée tristesse"

A Avignon, Antoinette, une sexagénaire qui milite au PS depuis toujours, se sent aujourd'hui plus démunie que jamais devant les scores du FN dans son département: "Ce résultat m'a surprise. C'est une sacrée tristesse… Pour moi, c'est le fait que l'on n'a pas fait le travail.". Elle est également démunie face à la décision des instances parisiennes du PS de se retirer, pour faire barrage au FN. "Ce n'était pas ma solution de départ, affirme-t-elle. Mais je me dis qu'il faut qu'on essaye alors je vais voter Estrosi, mais avec un mal au ventre".

Une décision imposée d'en haut et totalement incompréhensible pour Christine Lagrange, la désormais ex-tête de liste PS dans le département. "Je vous confirme que l'ensemble des têtes de liste n'était pas pour le retrait et pourtant nous avons appris par la télévision que notre liste se retirait, sans que nous n'en ayons nous-même débattu ". Et d'estimer: "Ces agissements-là contribuent à la défiance du politique".

"On n'a pas le choix"

Très remontée, Christine Lagrange l'assure: "Je ne ferai pas campagne pour Christian Estrosi". Alors pour dimanche elle refuse de donner une consigne de vote contrairement à la Fédération socialiste du Vaucluse qui appelle à voter pour Les Républicains. Serge Marolleau, porte-parole des Verts dans le Vaucluse et ex-candidat sur la liste EELV (arrivée 4ème dans le département avec 6,22% des voix), lui aussi va voter LR, la mort dans l'âme: "C'est un sentiment d'impuissance mais en même temps je ne sais pas si on aurait pu changer grand-chose en se maintenant… Je vous assure que cela m'arrache de vous dire que je vais voter Estrosi… Mais on n'a pas le choix".

Il considère toutefois que "cela ne sera pas suffisant: le fait de se débarrasser d'un problème en disant que l'on fait un barrage républicain n'est pas suffisant pour endiguer le Front national. Cela fait 30 ans qu'on le constate. Il faut donc absolument que les politiques de gauche remettent tout sur le tapis et travaillent tout de fond en comble".

Maxime Ricard avec Jean-Baptiste Durand