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Robert Badinter au Panthéon: l’histoire d’un homme et de ses combats pour la vie

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Robert Badinter, l’homme à qui l’on doit l’abolition de la peine de mort, fera son entrée au Panthéon ce jeudi. L’écrivain et éditeur Arthur Chevallier revient sur le parcours d’un homme qui a profondément marqué la vie française.

Robert Badinter, l’homme à qui l’on doit l’abolition de la peine de mort, s’apprête à faire son entrée au Panthéon, ce jeudi. Décédé le 9 février 2024 à l’âge de 95 ans, il fut l’un des plus grands Français du XXe siècle. Ancien ministre de la Justice de 1981 à 1986, il est parvenu à accomplir ce que très peu d’hommes réussissent: changer véritablement la France. Avant lui, et après lui, notre pays n’était tout simplement plus le même.

Une vie contre la barbarie

Robert Badinter était un Français d'origine juive. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sa famille est persécutée par le régime nazi d’Adolf Hitler. Son père sera l’une des victimes des camps de concentration. Marqué à jamais par cette tragédie, Robert Badinter dédiera sa vie à lutter contre la barbarie, en devenant avocat.

Dans un premier temps, il se spécialise dans le droit lié au monde du cinéma et défend plusieurs figures emblématiques du show-business: Joe Dassin, Brigitte Bardot, et même Charlie Chaplin.

Chevallier remonte le temps : Robert Badinter, un des plus grands du XXe siècle - 08/10
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C'est en 1971 qu'un procès va tout changer: celui de Roger Bontems, accusé de meurtres. Convaincu de son innocence, Robert Badinter assure sa défense, mais il échoue à la prouver. Condamné à mort, l'ancien militaire français est envoyé à la guillotine. Cet événement sera l'élément déclencheur du combat de sa vie: abolir la peine de mort dans notre pays.

Seul contre tous

Au cœur de son combat, Robert Badinter réussit à empêcher la condamnation à mort de Patrick Henry, un tueur d’enfant. Il ne conteste pas l’horreur du crime, mais pour lui, rien ne justifie la peine de mort. Il en fait une question de principe. Le criminel français passera le reste de sa vie derrière les barreaux. Cette décision suscite un tollé dans toute la France. On crie au scandale et au laxisme judiciaire. Badinter tient bon, tant pis s’il est seul. À l'époque, 6 Français sur 10 étaient opposés à l’abolition de la peine de mort.

C’est seulement en 1981 que l’avocat trouve un soutien de poids: fraîchement élu président de la République, François Mitterrand nomme Robert Badinter ministre de la Justice. Il porte alors l’abolition de la peine de mort devant le Parlement. Elle sera votée le 9 octobre 1981 — ce sera aussi la date de sa panthéonisation, ce jeudi.

Impopulaire et détesté par la droite, il réussit également à dépénaliser l’homosexualité (votée en 1982), à améliorer les conditions de détention des prisonniers et à renforcer l’indépendance de la justice. Avec le temps, ses combats sont devenus des évidences, y compris à droite. Ce n’est pas seulement un humaniste qui entre au Panthéon, c’est un visionnaire. Un homme qui nous a rendus meilleurs.

Arthur Chevalier