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Politique

Une association du fonds Marianne accusée d'avoir diffusé des contenus politiques

Marlène Schiappa le 2 octobre 2021 à Avignon

Marlène Schiappa le 2 octobre 2021 à Avignon - Nicolas Tucat/AFP

Une association financée par le fonds Marianne, lancée par Marlène Schiappa après le meurtre de Samuel Paty, est accusée d'avoir utilisé des subventions publiques pour publier du contenu politique en faveur de la majorité, en pleine période électorale.

Décidemment, rien ne va plus pour le fonds Marianne de Marlène Schiappa. D'abord pointé du doigt pour des soupçons de favoritisme dans l'accord de subventions à des associations et "l’utilisation douteuse" de celles-ci, ce fonds contre le séparatisme, créé après l'assassinat de Samuel Paty, est désormais soupçonné d'avoir servi à financer une association diffusant des contenus politique en pleine période électorale.

Selon Mediapart, le fonds lancé par Marlène Schiappa en 2021 a servi à financer à hauteur de 330.000 euros "Reconstruire le commun". Cette association, créée quelques jours après le meurtre de Samuel Paty par un islamiste radical et dont les statuts avaient été déposés en préfecture deux mois seulement avant le lancement de l'appel à candidature pour le fonds Marianne, n'avait jusque-là aucune activité connue.

La majorité qualifiée de "camp de la raison"

L'association aurait profité de cet argent public pour publier 57 vidéos, interviews, reportages et documentaires, de janvier 2022 à août 2022. Mediapart note que ces nombreuses vidéos relèvent "un parti pris évident, sans contradiction", pour la majorité présidentielle. Dans une vidéo publiée dix jours seulement avant les élections législatives de 2022, le camp d'Emmanuel Macron est qualifié de "camp de la raison" et le RN et la Nupes d'"extrêmes".

Une prise de position pourtant illicite, alors qu'utiliser des fonds publics pour influencer le résultat d'une élection est interdit, rappelle Mediapart.

Anne Hidalgo "scandalisée"

Dans une autre vidéo, c'est la violence contre des élus qui est légitimée à demi-mot: "Des violences il y en a beaucoup contre les maires, je ne légitime pas mais avec leurs pistes cyclables... Je ne légitime pas mais quelque part, honnêtement..." assure l'animateur d'un débat, entre deux rires de ses interlocuteurs.

"Une vidéo financée sur fonds publics pour justifier les violences sur les élus. Hallucinant!", s'est ému ce jeudi le maire adjoint de Paris, Ian Brossat, sur Twitter.

Dans une autre vidéo consacrée à Paris, c'est toute la politique de la maire de Paris Anne Hidalgo qui est évoquée et critiquée de concert. "Je suis scandalisée par les révélations publiées dans Mediapart sur l'utilisation du fonds Marianne. Si les faits sont avérés, j'utiliserai tous les moyens légaux pour que justice soit rendue", a réagi la maire de Paris sur Twitter.

120.000 euros de salaires pour 320.000 euros de subventions

Dans une enquête conjointe de l'hebdomadaire Marianne et de France 2, diffusée le 29 mars dernier, le fonds Marianne avait été pointé du doigt pour l'allocation de 320.000 euros de subventions à l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM). Cette association aurait utilisé cet argent pour quelques publications sur les réseaux sociaux, mais surtout pour salarier deux de ses ex-dirigeants, Mohamed Sifaoui, aujourd'hui directeur de la communication du club de foot du SCO d'Angers, et Cyril Karunagaran, un entrepreneur, à hauteur de 120.000 euros, soit presque la moitié de l'allocation.

Dans la foulée de ces révélations, Marlène Schiappa avait démenti tout favoritisme, assurant que des mesures avaient été "prises" contre l'une des 17 associations bénéficiaire du fonds Marianne, ne justifiant pas de la bonne utilisation des subventions.

Ce jeudi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a annoncé une saisine de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), "pour déterminer en toute transparence les conditions de fonctionnement et d’attribution des subventions auxdites associations", a assuré l'ancien ministre de la Santé, balayant tout "malaise" au sein de l'exécutif à propos du fonds: "Il n’y a pas de malaise dans le gouvernement mais il y a la volonté partagée avec l’ensemble des Français que toute transparence soit faite dès lors qu’il y a des interrogations posées", a-t-il conclu.

G.D.