Fonds Marianne: Marlène Schiappa se défend et annonce "des mesures" contre l'une des associations

La secrétaire d'État Marlène Schiappa, le 24 février 2023 à Paris - Emmanuel DUNAND © 2019 AFP
Pointée du doigt sur des subventions dédiées à un fonds contre le séparatisme créé après l’assassinat de Samuel Paty, Marlène Schiappa se défend. Dans un communiqué publié ce vendredi et relayé par la principale intéressée, le secrétariat d’Etat chargé de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative dément tout favoritisme dans la sélection des associations lauréates.
Selon le communiqué, le choix des associations s’est fait avec l’administration "à la manœuvre" et "dans le respect de toutes les procédures".
En 2021, quelques mois après le meurtre de Samuel Paty par un islamiste radical, Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, avait annoncé le lancement d’un fonds Marianne pour la République de 2,5 millions d’euros pour financer des personnes et associations portant "des discours pour promouvoir les valeurs de la République et lutter contre les discours séparatistes sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne".
Des subventions importantes pour quelques posts sur les réseaux sociaux
Mais il y a quelques jours, une enquête de France 2 et Marianne avait évoqué une gestion opaque de l’argent alloué à ce fonds, évoquant une liste de bénéficiaires tenue secrète.
D'après l'enquête, l'association qui serait son principal bénéficiaire, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), aurait utilisé ce fonds pour un site internet et des publications sur les réseaux sociaux très peu suivies, mais aussi et surtout pour salarier deux de ses ex-dirigeants.
Selon l’enquête, ces deux anciens dirigeants, Mohamed Sifaoui, aujourd'hui directeur de la communication du club de foot du SCO d'Angers, et Cyril Karunagaran, un entrepreneur, seraient des proches du préfet Christian Grave, à la tête du Comité interministériel de prévention de la délinquance de la radicalisation (CIPDR), l’organisme d’Etat mandaté pour gérer le fonds Marianne.
Mais le secrétariat chargé de l’Economie sociale et solidaire dément tout favoritisme. "Affirmer à tort qu’il s’agissait d’une décision ad hominem de Marlène Schiappa est totalement faux et démenti par la procédure, tout comme il est totalement faux de prétendre qu’il s’agirait d’amis de la ministre. Ces allusions sont sans aucun fondement", assure le communiqué.
La famille de Samuel Paty "particulièrement heurtée"
Par la voie de son ministère, Marlène Schiappa assure que parmi les 17 associations retenues, toutes ont été contrôlées, une seule ne pouvant justifier de la bonne utilisation des fonds alloués, sans préciser laquelle. "Des mesures ont été prises", annonce le secrétariat d'Etat.
"La saisie de l’inspection générale de l’administration et du Procureur de la République sur l’article 40 du code Pénal, sur ces faits, permettra de faire toute la lumière sur des suspicions partagées par la nouvelle gouvernance de l’association elle-même", conclut le communiqué.
Après les révélations de France 2 et Marianne, une partie de la famille de Samuel Paty s'est dite "particulièrement heurtée", déplorant "l'utilisation douteuse des subventions dédiées au Fonds Marianne (...), et l’absence de contrôle de l’utilisation de ces subventions".