RMC

Une charte pour la Première dame n'est pas utile, on n’élit pas un couple présidentiel

Comme promis pendant la campagne présidentielle, l'Elysée réfléchit à encadrer le rôle de la Première dame. Une charte précisant les attributions de Brigitte Macron serait en rédaction. Mais cette charte est-elle vraiment utile? Pour Olivier Rouquan, politologue, c'est une opération de communication, comme il l'explique à RMC.fr.

Olivier Rouquan, politologue.

"On n’en finit pas en France de vouloir faire des chartes, de vouloir poser des règles, de vouloir tout écrire. Je doute fortement de la pertinence de cette démarche. Il n’y a pas besoin d’édicter des statuts. Sur le plan démocratique, l’élection est celle d’une personne, que ce soit d’une femme ou d’un homme. On n’élit pas un couple présidentiel, ou alors il faut changer le système.

Je ne comprends pas comment on pourrait institutionnaliser le statut de Première dame. Ça n’a aucun sens démocratique. On n'en a pas besoin. 

"C’est de la communication, c’est inutile"

L’idée qu’on va tout écrire et qu’il n’y aura plus de problèmes est irréaliste. C’est totalement de la communication. Le but est sûrement de renforcer le message de transparence et de moralisation de la vie publique mais c’est totalement anecdotique. Je doute que les Français se lèvent le matin en ayant comme attente principale que l’on clarifie le rôle de la Première dame. Ça ne les intéresse pas. C’est une simple pierre de plus dans ce discours de transparence. 

Mais surtout, en quoi le cas de Brigitte Macron est-il différent des cas précédents? Elle n’a pas de fonction officielle, de mandat représentatif. La tradition sous la Vème République est qu’il y ait une certaine visibilité et on a vu successivement les Premières dames s’investir dans le fonctionnement de la vie à l’Élysée par exemple. Or, là, c’est inutile puisque ça n’a rien de nouveau. Yvonne de Gaulle avait une image, Georges Pompidou avait fait une communication à l’Américaine auprès de sa femme, qu’il mettait en scène. Ça n’a rien de neuf.

"On veut singer la présidence Obama"

Tout cela relève de l’ordre de l’hypocrisie. On met quoi derrière le statut de Première dame? Il faudra l’expliquer puisque ça n’a aucun sens. Ce qui a un sens, ce serait de limiter les moyens attribués à la compagne, la femme du président de la République. On comprend bien que l’épouse, si elle agit dans son équipe, ait droit comme les autres à des moyens.

Mais dire qu’elle reçoit trois fois plus de courrier que l’épouse de Nicolas Sarkozy, que 10 personnes gèrent son courrier au lieu de deux, c’est de la communication. On veut singer la présidence à l’Américaine et notamment la présidence Obama."

Propos recueillis par Julie Breon