Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, pense-t-elle à l'Elysée?

Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, a-t-elle des ambitions élyséennes? Depuis le début, dès qu'on lui pose la question, elle assure que non, que c'est faux, qu'elle ne se projette pas en 2027. Mais pour autant, elle se construit bel et bien une stature, et elle ne se ménage pas. Elle vient de passer trois jours à Abidjan (Côte d'Iovire), à la rencontre notamment du président Alassane Ouattara. Elle a même fait le tour des chaînes des télévisions ivoiriennes.
De retour, ce mardi matin, son avion a atterri à Paris à 5h et dès 9h elle sera à son poste. Un agenda surchargé donc pour tisser des liens. Yaël Braun-Pivet échange aussi très régulièrement sur WhatsApp avec le président de l’Assemblée d’Ukraine, qu’elle avait rencontré il y a quelques semaines.
Yaël Braun-Pivet dispose aussi à l’Assemblée nationale de solides moyens pour s’implanter dans le paysage politique. Etre présidente de l’Assemblée, c’est avoir un cabinet pléthorique, presque autant de conseillers que dans un grand ministère. Ils sont plus d’une quinzaine. “Je me demande ce qu'ils font, si ce n’est lui écrire des fiches. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a tous les moyens pour préparer une campagne électorale”, analyse un élu qui la connaît bien.
Une malédiction du perchoir?
Autour d’elle, donc, peu doutent de ses ambitions et beaucoup rappellent qu’au début du quinquennat, Emmanuel Macron lui avait proposé un ministère à faible exposition médiatique, l’Outre-mer. Au bout de trois semaines, elle s’était lancée, d'elle-même, dans la course à la présidence de l’Assemblée.
Pourtant, dans la macronie, elle est plutôt clivante. Un ministre loue par exemple ses propositions sur la jeunesse formulées lors d'une récente réunion à l'Élysée. "Elle n'est pas impressionnante comme ça, mais quand elle prend la parole, c'est toujours assez juste" dit-il.
Mais d'autres sont moins emballés. “Il y a quelques années, Emmanuel Macron nous avait dit ‘soyez fiers d’être des amateurs’, je crains qu’elle l’ait pris au pied de la lettre”, tacle un député de son camp. Ce qui lui est reproché notamment, c’est des séances particulièrement tendues lorsqu’elle est au perchoir.
Mais aussi son manque d’enthousiasme derrière le projet du président de la République. “Sur les retraites, elle ne s’est pas mouillée”, critique un député Renaissance. Et un ministre l’accuse de ne pas assez s'immiscer dans la vie de la majorité. “Dans la précédente législature, Richard Ferrand mettait de l’huile dans les rouages et évitait les couacs. Yaël Braun-Pivet ne le fait pas du tout”, dénonce-t-il.
La route est donc encore longue et pas complètement dégagée pour elle. Il y a même certains qui parlent d’une “malédiction du perchoir”. En effet, aucun président de l'Assemblée depuis le début de la Ve République n’a pu accéder à l’Élysée. Les prétendants étaient pourtant nombreux, Jacques Chaban-Delmas, Laurent Fabius ou encore Philippe Séguin, par exemple.