Prof braquée à Créteil: y a-t-il trop de laxisme face aux élèves violents? Ca fait débat sur RMC

Prof braquée à Créteil: y a-t-il trop de laxisme face aux élèves violents? Ca fait débat sur RMC - RMC
Le choc à Créteil. L'adolescent filmé braquant sa professeure avec une arme factice dans un lycée de Créteil, dans le Val-de-Marne, a été mis en examen dimanche soir pour "violences aggravées". Sa famille dénonce une "affaire montée en épingle".
Dans une vidéo tournée jeudi puis diffusée sur les réseaux sociaux, on peut voir un adolescent debout dans une salle de classe, menaçant sa professeure de biotechnologie avec une arme de poing - qui s'est avéré être un pistolet à billes - tout en lui demandant de l'inscrire "présent" et non "absent" sur la feuille de présence.
Une scène qui a suscité au cours du week-end l'indignation jusqu'au sommet de l'Etat, conduisant les ministres de l'Éducation et de l'Intérieur à annoncer un "plan d'actions". Reste pourtant une question: comment en est-on arrivé là? A-t-on été trop laxiste avec les élèves violents?
Si une réunion est prévue dans la semaine entre le ministre de l’Education nationale et celui de l’Intérieur, la violence reste une exception dans les établissements scolaires français, selon la dernière grande enquête conduite par le ministère de l’Education nationale.
Une violence exceptionnelle dans l'Education
Il y a eu moins de 14 incidents pour 1.000 élèves. Un taux stable depuis plusieurs années. Dans la moitié des cas, la violence est avant tout verbale, le plus souvent au collège ou dans les lycées professionnels. Ces actes sont commis dans 8 cas sur 10 par des garçons, à l’encontre d’un enseignant, dans la salle de cours.
La violence physique est, elle, beaucoup plus rare: la violence avec armes ou objet dangereux encore moins, moins de 4% des incidents. Et elle n’est filmée que dans 0,3% des cas. Le problème reste que cette violence n'est pas assez sanctionné selon Jean-Rémi Girard, du syndicat national des lycées et des collèges:
"Il y a une forme que laxisme quand la bienveillance de l'école devient telle que la parole de l'élève vaut autant que celle du professeur et que l'élève fait quelque chose et que l'on explique que c'est à l'institution qu'il en veut en réalité, qu'il faut lui donner sa chance... Au bout d'un moment, on comprend que le métier de professeur n'attire plus. Et c'est là dessus qu'il faut agir bien entendu. Les professeurs font leur travail, parfois ils sont dans des conditions difficiles et à un moment ils craquent, ils s'usent et ça devient compliqué de faire cours dans ces conditions-là".
"On ne s'est pas vraiment attaqué au fond du problème"
Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, le reconnaît lui aussi. Trop souvent la politique du chiffre a voulu que l’on réunisse le moins possible de conseils de discipline. Et quand ils sont réunis, dans 9 cas sur 10, l’élève fait simplement l’objet d’une exclusion, temporaire ou définitive.
Pour Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l’Education nationale, la solution n’est pas dans la sanction, mais dans la prévention:
"On a jamais été laxiste sur ce sujet. Simplement, à des époques différentes, les politiques ont mis des accents différents sur les sanctions, la prévention ou sur les remédiations. Résultat: on ne s'est pas vraiment attaqué au fond du problème, les causes de ce problème. C'est un débat permanent parce que nous sommes dans une société violente et qu'il faut vraiment anticiper. A partir du moment où l'on mêle les parents, on arrive à des résultats extraordinaires" avance-t-il sur RMC.
Sensibiliser les parents, renforcer la vidéosurveillance, les portiques de sécurité, prendre en compte le rôle des réseaux sociaux: autant de pistes envisagées qui seront discutées lors de la réunion interministérielle de cette semaine entre le ministre de l'Education et celui de l'Intérieur.