Propos de Macron sur la vie des entrepreneurs: "Mais vous racontez n'importe quoi !"
En comparant la vie d'un entrepreneur et celle d'un salarié, mercredi lors de son passage sur RMC et BFMTV, Emmanuel Macron, a lancé une belle polémique. Pour le ministre de l'Économie, "la vie d'un entrepreneur est souvent bien plus dure que celle d'un salarié". Les patrons applaudissent, quand d'autres, comme le secrétaire national du Parti de gauche Alexis Corbière, s'étranglent. Ce dernier était d'ailleurs face au numéro 2 du Medef, Thibault Lanxade, lui-même chef d'entreprise évidemment, ce jeudi matin chez Jean-Jacques Bourdin. Et devinez quoi, ils n'ont pas du tout le même avis sur la question.
Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche:
Pour lui, les propos de Macron sont "une provocation". "Ce qui m'agace c'est la petite musique que fait entendre Macron qui sous-entend que les revendications des salariés sont illégitimes, contrairement à celles du patron. Ce qu'il fait comme ministre est plutôt au service du Medef, qui pour moi ne représente pas le patronat. Le Medef est peu représentatif, ce sont souvent des grands patrons qui ne souhaitent qu'une chose : que l'on puisse facilement licencier et que l'on baisse les cotisations patronales pour que chaque année s'accumulent plus de richesses qu'ils reversent aux actionnaires".
Thibault Lanxade, vice-président du Medef:
"Il y a 750.000 adhérents au Medef, mais ce sont essentiellement des TPE – PME, rétorque le numéro 2 du patronat. Il y a enfin un message qui reconnaît un peu l'entrepreneur. Moi j'ai eu des nuits extrêmement difficiles pour développer mon entreprise. A un moment j'étais plus proche de mon associé que de ma femme et de mes enfants parce que j'ai dû m'y investir à fond. Il y a des moments très durs. Et c'est le cas des 3 millions de patrons en France. En France, moins de 10 personnes sont concernées par les golden parachutes (parachutes dorées)". Thibault Lanxade assure d'ailleurs toucher "3.000 euros par moi". "Pour une fois qu'on reconnaît l'entrepreneur, c'est fantastique. Soyez respectueux des patrons !", lance-t-il à l'adresse du secrétaire national du Parti de gauche.
Alexis Corbière:
"Quand Mr Macron dit : 'le patron peut tout perdre, lui', il sous-entend que le salarié est protégé. Mais dans la même interview, il dit qu'il faut revoir les indemnisations chômage, parce que c'est ça qui va permettre aux gens d'être plus motivés pour revenir à l'emploi. Cette petite musique qui revient à dire que les indemnités chômage ne permettraient pas que les gens soient pas motivés pour revenir à l'emploi est proprement scandaleuse. Je rappelle que la moitié des chômeurs en France perçoivent 0 (sic)".
Thibault Lanxade:
"Mais vous racontez n'importe quoi ! Vous avez 65.000 entrepreneurs qui périclitent et qui ne touchent rien quand l'entreprise est disloquée. Alors que l'assurance chômage (pour les salariés) fonctionne".
Faut-il modifier le montant et la durée d'indemnisations chômage ?
Mercredi sur RMC, Emmanuel Macron a déclaré qu'il fallait "modifier les règles de la durée et du montant de l'indemnisation chômage".
Alexis Corbière:
"Je ne crois pas qu'il faille baisser les indemnités. Ce sont les amortisseurs économiques qui permettent que même en situation difficile la consommation populaire se maintienne. Et ce dont on besoin les petits patrons (taxis, coiffeurs…), c'est d'avoir leur carnet de commande remplis. C'est ça qu'ils veulent, pas pouvoir licencier plus facilement".
Thibault Lanxade:
"Quand on est à la tête d'une famille de 3 enfants, réduire les indemnisations chômage, je ne pense pas que ce soit la bonne solution. En revanche, remettre le plus vite possible le chômeur dans une dynamique de retournement à l'emploi avec un mécanisme incitatif, c'est probablement une piste à explorer. Maintenant (l'UNEDIC, qui gère les allocations chômage) a 30 milliards de déficit alors soit on continue et on considère que ce doit être de la subvention publique et que c'est aux entreprises de payer – visiblement c'est ce que vous voulez dire –, soit on est sérieux et on essaie dans un mécanisme paritaire de rééquilibrer les comptes".