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Sortie de Macron sur les entrepreneurs: "En tant que chef d'entreprise, on n'a le droit à rien"

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- - AFP

TEMOIGNAGES - En déclarant mercredi sur RMC et BFMTV que les entrepreneurs ont souvent la vie "plus dure que celle d'un salarié", le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, coutumier des déclarations iconoclastes, a une nouvelle fois fait polémique.

"La vie d'un entrepreneur, elle est bien souvent plus dure que celle d'un salarié. Il ne faut jamais l'oublier", a affirmé ce mercredi Emmanuel Macron à l'antenne de BFMTV et RMC. "Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties", a-t-il ajouté. Des propos qui ont fait réagir, à droite comme à gauche mais aussi au sein des entreprises comme dans cette PME de 10 salariés située dans les Yvelines.

Interrogé par RMC dans son bureau, Guillaume, patron de cette société de construction qu'il a fondée en 2009 mais salarié pendant des années, approuve les propos du ministre de l'Economie. En effet, il explique qu'aujourd'hui "ça serait à refaire, je ne suis pas sûr que de créer mon entreprise". Et d'en donner les raisons: "On dort moins bien parce qu'on est tout seul, sans aide. On est livré à toute la réglementation, tout l'administratif."

"Un salarié vit dans l'incertitude"

"C'est plus dur parce qu'on prend absolument tous les risques par rapport à un salarié, estime-t-il encore. Salarié, au pire la boîte elle coule et on se retrouve au chômage avec des indemnités. Nous, en tant que chef d'entreprise, on a le droit à rien. On n'a aucune protection en termes de chômage". "Je ne dis pas que le métier d'ouvrier n'est pas dur mais ils commencent à 08h00 et finissent à 16h00, poursuit encore ce patron. Mentalement, c'est donc plus facile d'être salarié que d'être patron".

Mais dans le bureau d'à côté, travaillant sur des plans, Nathan, conducteur de chantier, ne partage pas du tout l'avis de son patron. "Je pense que c'est plus dur pour un salarié par rapport aux conditions de travail, déclare-t-il. On le voit bien, la sécurité du travail est quand même beaucoup moins évidente aujourd'hui qu'avant. Et puis, on ne sait pas où on va. On vit dans l'incertitude". Et d'ajouter: "On est moins libre. On rend beaucoup plus de comptes. Dans un certain sens, c'est une forme de pression. La preuve, des ouvriers de 60 ans en paraissent 70-80". D'ailleurs, Nathan ne désespère pas un jour être son propre patron.

Maxime Ricard avec Marie Dupin