Bien-être animal: faut-il mettre en place un nutri-score sur l'emballage des produits?

Une nouvelle étiquette pourrait faire son apparition sur les emballages de viande dans les rayons des supermarchés français. L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) préconise de créer un nouveau nutri-score pour évaluer le bien-être animal.
Elle souhaite, pour cela, se baser sur des indicateurs relevés directement sur la bête et pas uniquement "des modes d'élevage et des moyens mis en œuvre pour l'améliorer" comme c’est le cas aujourd’hui. Dans le détail, l’organisme recommande de prendre en compte toutes les étapes de vie de l’animal, de l’élevage à l’abattage en passant par le transport.
Huit critères évalués
L'agence a identifié huit facteurs de risque au cours de chacune de ces étapes: les caractéristiques génétiques, les techniques d'élevage, les pratiques de l'éleveur, l'hébergement, l'alimentation, les démarches mises en œuvre pour assurer la bonne santé des animaux, la limitation du recours à des pratiques stressantes ou douloureuses et enfin la reproduction.
Cette proposition est "une superbe idée" selon Emmanuelle Dancourt, journaliste indépendante, interrogée sur le sujet ce vendredi sur le plateau d'Estelle Midi, sur RMC et RMC Story.
"Tout ce qui va dans le sens du bien-être animal et du 'mieux manger', je trouve que c'est une super idée', a-t-elle ajouté.
Un point de vue partagé par Tyler, un habitant de Lille qui suit un régime vegan. Il y est "absolument favorable" car "c'est nécessaire de faire comprendre aux gens que la viande qu'ils mangent a subi des violences."
Au contraire, pour Jean-François, agriculteur en Mayenne, producteur de lait et éleveur de volailles, "au bout d'un moment, ça fait un peu beaucoup". "On n'a pas attendu d'avoir des étiquettes mises sur les emballages pour bien traiter nos animaux. On a déjà des contrôles au niveau des volailles. On a des contrôles au niveau des bovins aussi si on les nourrit bien, si on les soigne bien. On a un contrôle par an minimum. Le lait est contrôlé tous les jours par le laitier", explique-t-il.
L'impact remis en cause par L214
Selon plusieurs experts de la consommation, cet étiquetage permettrait de modifier les comportements alimentaires des Français. Une perspective dont doute Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association de défense des animaux L214. "L'Anses le dit très bien au début de son avis. Il souligne 'des incertitudes sur les impacts en termes de consommation.' La plupart des gens achètent de manière systématique. On voit des marques, si c'est une marque, on se dit que c'est plutôt pas mal", argumente-elle.
Pour cette militante de L214, le gouvernement se trompe de problème: "Les politiques, au lieu d'interdire les pratiques qui sont aujourd'hui inacceptables, vont reporter sur le consommateur le fait de choisir".
"L'étiquetage, il remet sur le consommateur la responsabilité de ce qui se passe pour les animaux. Les dés sont pipés", enchérit Brigitte Gothière.
Même si 82% des Français soutiennent la mise en place d'un étiquetage obligatoire du mode d'élevage sur la viande vendue selon un sondage IFOP, il y a "toujours une différence" entre les sondages et le moment où le consommateur est dans les rayons, selon la cofondatrice de L214.
L'association souhaite plutôt que "la question animale avance" en faisant "reculer les pires pratiques". "Ça nous oblige à regarder d'un peu plus près ce qu'on fait subir à des êtres qui, comme nous, aimeraient mieux vivre une belle vie plutôt que d'être asservis et être nés pour mourrir très jeunes", détaille Brigitte Gothière.
D'après Le Monde, au sein de l'exécutif, l'idée n'emballe pas forcément les membres du gouvernement. Au ministère de l'Agriculture, on se dit seulement favorable à un étiquetage sur une base volontaire.