Colère agricole: sur YouTube, Étienne Fourmont dévoile le "coût de l'alimentation"

Étienne Fourmont se revendique "agri-youtubeurre". Passé le jeu de mots, cet éleveur de vaches laitières dans la Sarthe partage son quotidien depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux et notamment via sa chaîne YouTube. Des vidéos qui se veulent pédagogiques et accessibles au grand public, possiblement scrutées davantage dans un contexte de nouvelle contestation agricole.
Son constat de départ: le fait que les gens "n'aient pas idées de comment on travaille", a-t-il exposé ce samedi au micro de RMC, dans Anaïs Matin. Celui qui est syndiqué aux Jeunes agriculteurs et qui a occupé il y a quelques années la fonction de responsable syndical, est revenu sur son quotidien, qui l'a fait rencontrer des "responsables politiques, agro-industriels et grand public".
"Tous ces gens ne connaissaient absolument pas l'agriculture". L'envie lui prend alors de prendre son téléphone, la solution "la plus simple" qui lui est venue à l'esprit. "Des vidéos de 2-3 minutes. Avec le temps, j'ai fait des vidéos plus complexes, expliquées".
Interpeller le consommateur
Étienne Fourmont est affirmatif: "Le consommateur n'a pas idée des techniques que l'on peut utiliser. Cette technologie a un coût, ainsi que notre travail, notre savoir-faire et la qualité des produits. Il faut que les gens comprennent que la nourriture ne tombe pas du ciel", ce qui justifie de devoir mettre "le juste prix".
L'agri-youtubeurre ne se veut pas pour autant moralisateur ni donneur de leçons: il reconnaît une prise de conscience chez beaucoup de particuliers aujourd'hui et sait que le "consommateur va au moins cher, que les fins de mois sont difficiles, je ne veux pas juger". Mais il l'assume: "Il faut répéter sans cesse que l'alimentation a un coût et qu'il faut la payer à sa juste valeur".
126.000 abonnés sur YouTube
Suivi par 126.000 personnes sur YouTube et 27.000 sur Instagram, ses vidéos peuvent être d'autant plus scrutées dans un contexte de manifestation et colère agricole. Les agriculteurs sont vent debout contre la possible ratification du traité de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur (le gouvernement est aussi contre, NDLR). Mais l'exécutif est aussi source de mécontentement, ils considèrent notamment que celui-ci n'a pas assez avancé depuis le premier épisode de l'hiver dernier.
Le Premier ministre de l'époque Gabriel Attal avait annoncé des dizaines de mesure et la mise en chantier du projet de loi d'orientation agricole, retardé comme d'autres textes à cause de la dissolution de l'Assemblée survenue en juin dernier. Depuis, c'est Michel Barnier à Matignon et Annie Genevard à l'Agriculture qui ont récupéré les dossiers et sont exprimés être à l'écoute des revendications agricole, notamment sur les surtranspositions et les pesticides.
"Pression sur le gouvernement"
L'agri-youtubeurre, toujours syndiqué, fait partie de ceux qui ont manifesté et se dit prêt à y retourner la semaine prochaine, mais s'interroge sur leur pertinence. "Elles sont utiles pour faire pression sur le gouvernement et garder l'attention des médias et du grand public", admet-il, avant de constater selon lui "qu'on n'a quasiment rien obtenu depuis 1 an".
"J'ai rarement vu une manifestation qui faisait augmenter le prix du lait ou de la viande," affirme Etienne Fourmont
"Les effets" des manifestations "sont difficiles à mesurer", selon Étienne Fourmont. Comme beaucoup, il revendique la simplification, dénoncant une lourdeur administrative qui le contraint dans son travail, et un alignement de la France sur l'UE, par rapport aux normes. "On a l'impression d'être fliqué constamment alors que vous faites le mieux possible", estime-t-il, amer. "C'est très contraignant moralement et psychologiquement."