Colère des agriculteurs: "Pas exclu" que le mouvement dure selon les Jeunes Agriculteurs

Les agriculteurs vont-ils faire durer leur mobilisation? Dix mois après avoir bloqué de nombreuses autoroutes partout en France, ils lancent de nouvelles actions ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA (premier syndicat agricole). "Ce n’est pas exclu, que ce soit la N118 ou les 85 autres points de blocages, de manifestations, qui sont en train de se mettre en route" répond sur RMC Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs, sur la possibilité que les tracteurs restent sur les routes.
"On ne souhaite pas de blocages concrètement comme l’année dernière. Il y a des endroits où ce sont des barrages filtrants. Et d’autres où ça sera les feux de la colère, des manifestations devant les préfectures... On laisse un peu de souplesse à notre réseau. Ce qu’on veut aujourd’hui, c’est exprimer cette détresse agricole et ce besoin de refixer le cap", ajoute le président des Jeunes Agriculteurs.
"On n’est pas là pour embêter les Français, mais il faut qu’on se fasse entendre", assure Pierrick Horel. La signature de l’accord du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Amérique du Sud) est au cœur des enjeux. "On a tous entendu la prise de parole du président de la République hier (sur son opposition au traité avec le Mercosur). Ça nous rassure, mais sa capacité à aller aligner l’ensemble des pays pour ne pas qu’il soit ratifié, elle est beaucoup moins certaine. Ursula von der Leyen a la capacité de signer l’accord. Et il serait quand même appliqué, même si on est contre."
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"Le compte n’y est pas" pour les agriculteurs
Mais ce refus du traité avec le Mercosur n’est pas la seule revendication des agriculteurs, qui n’ont pas vu arriver la concrétisation des mesures annoncées par le gouvernement l’hiver dernier. "Les promesses ne sont pas matérialisées, explique Pierrick Horel. C’est ce qu’on exprime comme colère. Il y a un décalage profond entre la parole politique et les actes concrets. Le compte n’y est pas. Je considère que quand les choses sont annoncées, elles ne sont pas faites. Concrètement, un agriculteur qui veut tailler sa haie, il n’est pas plus soulagé que l’année dernière. Il y a des volontés, notamment une proposition de loi de deux sénateurs. La loi sur l’agriculture doit aussi arriver prochainement à l’Assemblée et au Sénat. Mais tout ça, ce n’est pas perceptible pour les agriculteurs."
Les Jeunes Agriculteurs demandent aussi à la grande distribution de s’impliquer davantage pour l’agriculture française. "On a encore les mêmes griefs, souligne le président du syndicat. On dit la même chose depuis 20 ans: redonnez de la valeur aux agriculteurs, appliquez Egalim. Les négociations commerciales, qui vont démarrer, partent du prix de vente en magasin. On ne part pas de la matière première agricole. On l’a sanctuarisé dans Egalim et on veut que la philosophie soit respectée jusqu’au bout. On a besoin que la grande distribution se positionne aussi en tant que fervent défenseur de la souveraineté alimentaire française."