"On n'est pas que des assassins": les chasseurs ne comprennent pas la peur des Français

La chasse le dimanche, c'est bientôt fini ? 8 Français sur 10 seraient favorables à une telle mesure selon un sondage Ifop de la fondation Brigitte Bardot, révélé vendredi par BFMTV. L'actrice de 90 ans a par ailleurs appelé sur la même antenne à l'abolition de la chasse à courre. "Il y a un rejet de plus en plus important vis-à-vis de la chasse", appuie auprès de RMC Adriana Oancea Negro, directrice des affaires publiques de la fondation.
Le principal argument avancé par les personnes interrogées dans le sondage est leur sentiment d'insécurité. 62% d'entre eux ne se sentent pas en sécurité en période de chasse. "Les gens se méfient. Ils ont peur d'être pris pour un sanglier ou un renard", explique Adraina Oancea Negro.
Des promeneurs inquiets
Fanny en fait partie. Cette kiné, en tenue de footing, se balade souvent en forêt. Croiser des chasseurs est "une inquiétude, parce qu'on se dit 'où est-ce qu'ils sont', si vous entendez les coups de feu également, mais c'est uniquement quand ils sont présents." Juste à côté, Claudine se promène avec sa chienne. Cette retraitée n’a pas besoin de voir les chasseurs pour en avoir "la phobie".
"Je porte un petit brassard jaune, j'en ai même un pour ma chienne les jours de chasse. Si la balle se perd, votre gilet n'aura pas servi à grand chose", prévient-elle.
Selon elle, "ce serait une bonne chose" d'interdire la chasse le dimanche, "une journée privilégiée pour les gens qui travaillent" en semaine. Cette retraitée n'oublie tout de même pas le "besoin" que représentent les chasseurs, qu'elle qualifie "des nettoyeurs de forêt" utiles.
Ces derniers s'inquiètent de ne pas pouvoir remplir leur mission si cette interdiction est mise en place. "Nous avons nos obligations professionnelles en semaine, donc il faudra trouver quelqu'un qui veut bien assurer cette régulation", remarque Frédéric Obry, président de la Fédération de chasse du Bas-Rhin. "Si on diminue la pression de chasse, les grands gibiers vont augmenter et ça va causer de plus en plus d'accidents sur la route", renchérit Serge Canadas, président du syndicat national de la chasse, qui dit ne "pas comprendre ce sentiment d'insécurité".
"On n'est pas que des assassins, il faut arrêter de nous stigmatiser. On est content de voir d'autres usagers de la nature, on est tous là pour participer à la biodiversité", s'énerve au micro d'Apolline Matin Geoffrey, un chasseur de Meurthe-et-Moselle.
Les chasseurs ont mis en place des mesures
Pour éviter tout incident, la Fédération du Bas-Rhin a mis en place une application qui géolocalise les battues en cours. Selon son président, grâce à elle, aucun accident grave impliquant des randonneurs ou des riverains n'a eu lieu la saison passée. "Il y a des règles extrêmement draconiennes. On a demandé à l'ensemble de nos adhérents de décharger le fusil au passage des promeneurs. On est tout simplement pour un partage avec les autres usagers", estime Frédéric Obry, son président.
Serge Canadas s'efforce, lui, de faire passer les bons messages des deux côtés: "J'ai dit aux chasseurs soyez prudents et déchargez le fusil, ça les mettra en confiance, et aux promeneurs, je leur dis de mettre des couleurs vives pour qu'on les voit."
En Alsace, la chasse n’est ouverte qu’entre octobre et février: c'est le droit local qui est appliqué. Pendant cette période, chasseurs et randonneurs sont tous encouragés à porter des vêtements réfléchissants. Mais pour Adriana Oancea Negro, de la fondation Brigitte Bardot, ces mesures ne sont pas suffisantes et elle s'appuie pour cela sur l'avis des Français
"On a vraiment cette impression que les Français demandent aux responsables politiques de se saisir de ce problème et qu'ils ferment les yeux, tournent la tête", dit-elle. À ses yeux, c'est simple, les politiques cèdent "aux pressions d'une minorité: le lobby de la chasse".