RMC
Sciences Nature

"Les nappes ne se rechargent pas": pourquoi, malgré la pluie, la sécheresse inquiète toujours

placeholder video
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé que près de 120 communes françaises étaient privées d'eau potable à cause de la sécheresse. Malgré un temps relativement humide, le niveau des nappes phréatiques inquiète toujours.

Oui, il pleut, et oui, l'été est relativement maussade sur une grande moitié nord du pays. Et pourtant… la sécheresse est bien là ! Le cap des 100 communes (119 exactement) privées d'eau potable a été franchi, d'après Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique. Près de 30 000 personnes sont concernées par ces privations.

En comparaison, lors de l'été 2022, ce sont plus de 700 localités françaises qui avaient été privées d'eau potable. Sur France Inter, le ministre a dit être persuadé "qu'on sera à un niveau moins élevé" cette année, en raison notamment des "500 travaux de sécurisation, d'interconnexion de réseaux que le gouvernement a lancé en septembre dernier".

Néanmoins, si le ministre tente de rassurer, un constat est aujourd'hui implacable : 78 départements français sur 96 sont soumis à des restrictions d'eau. Les degrés d'intensité varient mais le spectre de la sécheresse plane donc sur tout le territoire.

Exception faite de la pointe bretonne et de la Corse, les sols sont encore trop secs dans le pays. Des restrictions d'eau particulièrement sévères sont mises en place sur le pourtour Méditerranéen et le long d'une large bande allant de la Vendée à la Moselle.

Dans cette frange, on retrouve par exemple la Somme. Le département a connu de fortes pluies ces derniers jours, pourtant, dans la moitié du département, l'alerte crise court toujours, l'eau étant strictement réservée à des fins prioritaires.

Les pluies aident à ne pas puiser dans les ressources

Si la situation reste donc tendue sur le territoire, il faut tout de même souligner que les pluies, parfois diluviennes, qui s'abattent sur la France ces derniers jours, aident à freiner l'utilisation des ressources en eau.

"Ce n'est pas parce qu'il pleut maintenant, cet été, que les nappes se rechargent puisqu'elles ne se rechargent qu'en hiver", explique Laurie Caillouet, hydrologue.

Toutefois, ces averses estivales permettent d'irriguer naturellement les cultures et donc de soulager des nappes phréatiques, qui pointent encore majoritairement à des niveaux inquiétants. En effet selon Christophe Béchu, "62% des nappes phréatiques étaient en-dessous des normales de saison" mi-juillet en France, alors qu'on atteignait les 68% au début du mois.

"La pluie qui tombe actuellement en été c'est la pluie qui va servir aux sols superficiels, aux plantes, qui va permettre de moins avoir des nappes sous tension dans le sens où on va moins prélever dedans pour l'agriculture", analyse Laurie Caillouet, hydrologue.

L'hydrologue Laurie Caillouet précise donc que "grâce à ce temps, on a moins besoin d'irriguer, moins besoin de prendre d'eau dans ces nappes et dans ces rivières, ce qui fait que même si elles sont basses, leur niveau diminue un peu moins vite que s'il faisait exceptionnellement chaud".

Alfred Aurenche, avec Alexis Lalemant