Sécheresse dans les Alpes-Maritimes: pour les agriculteurs, "cette année, c'est critique"

Un arrêté de vigilance sécheresse a été pris par la préfecture des Alpes-Maritimes invitant les usagers à réduire leur consommation en eau. Pour les agriculteurs, les conséquences de la sécheresse sont déjà bien visibles.

Quasiment pas de pluie depuis trois mois, un hiver sec et une année 2016 déjà déficitaire en eau, la situation est alarmante dans les Alpes-Maritimes. La préfecture a pris un arrêté de vigilance sécheresse au début du mois de juillet.

Du côté des agriculteurs, la sécheresse a déjà des conséquences concrètes. Et pour pallier ce manque d'eau, certains doivent s'organiser. RMC a rencontré Jean-Paul, agriculteur à Caussols. Il s'approvisionne normalement dans un étang pour arroser ses cultures. Mais cette année, la situation est critique: "Normalement quand c'est plein, il y a à peu près 1,5m et là, il y a 30cm d'eau au fond. A cause de la sécheresse, les sources diminuent. Ce n'est jamais arrivé", s'inquiète-t-il.

Seule solution pour Jean-Paul, prendre son tracteur-citerne et s'approvisionner à la borne incendie de son village. Une démarche exceptionnelle autorisée par la mairie: "C'est un peu le système D parce que tous les jours ce sont des va-et-vient à la borne et on fait du transport avec une cuve de 100.000 litres pour essayer d'arroser le maximum qu'on peut".

"Les pommes de terre sont minuscules"

Un dépannage en eau pourtant insuffisant pour garantir une bonne production: "Dès qu'on arrose peu en surface, avec l'évaporation et ce que la terre prend, la plante n'a pas le temps de prendre de l'eau. Le plus inquiétant, ce sont les pommes de terre, elles sont minuscules. Il n'y a pas assez d'eau, elles souffrent et cette année c'est critique". Jean-Paul craint de perdre 50% de sa récolte.

Les éleveurs aussi sont inquiets. Ils vont manquer de fourrage à cause d'une mauvaise récolte et commencent à entamer leurs réserves. "Les herbes étant moins protéinés, avec moins de matière organique, les agneaux ne prennent pas la masse graisseuse qu'ils devraient prendre, donc forcément, ça va se répercuter sur le poids de l'agneau et sur le prix de vente. C'est un gros problème. Sans parler des bêtes qui souffrent de la sécheresse actuellement", déplore Jacques Courron, éleveur ovin et président de la fédération ovine des Alpes Maritimes.

Au total, 75 départements ont pris des mesures de restriction d'eau. Deux tiers des nappes phréatiques affichaient début juillet un niveau modérément bas à très bas.

Elodie Messager (avec P.B.)