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"On tape sur tout ce qui est public": ces agriculteurs opposés au Mercosur font pression sur l'État

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Opposés à la ratification du traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, les agriculteurs s'apprêtent à reprendre la mobilisation dès lundi. Dans les Bouches-du-Rhône, certains agriculteurs n'ont pas attendu cette date et ont voulu, dès vendredi, mettre la pression sur le gouvernement. Ils réclament entre outre l'application des promesses formulées l'hiver dernier.

Près d'un après, un nouveau mouvement massif de contestation agricole doit reprendre un peu partout en France, lundi, à l'appel des syndicats. Mais des prémices ont pu déjà être observées, notamment à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Des agriculteurs en colère ont manifesté vendredi matin devant le centre des impôts, avant de murer l'entrée de celui de Châteaurenard, pour protester notamment contre le projet d'accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur.

"On n'a rien obtenu de concret"

Les tracteurs se succédaient pour vider leurs bennes de fumiers devant le bâtiment public. "On repart sur le terrain mais pas forcément sur les routes pour éviter de bloquer les riverains", explique auprès de RMC Clément, producteur de foins dans la plaine de la Crau. "On tape sur tout ce qui est public car on peut constater que, ce qu'il s'est passé en début d'année, oui, on a été écoutés mais on n'a rien obtenu de concret".

Minés par des mauvaises récoltes et les maladies, les agriculteurs estiment avoir été lésés malgré les annonces du gouvernement Attal après la mobilisation de l'hiver dernier. Entre temps, la dissolution est aussi passée par là, ralentissant grandement l'avancée des travaux dont le projet de loi d'orientation agricole.

A vous de nous dire : Que pensez-vous de la colère des agriculteurs qui se fait entendre à nouveau ? - 16/11
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Un constat partagé par la trentaine d'agriculteurs présents comme Thibault, qui a posé une banderole sur un tas de fumier. "Stop aux promesses, des actes. On n'a rien eu jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, on est tous en difficulté", regrette l'agriculteur.

"Ambassade du Brésil"

Une mobilisation, aussi et surtout pour faire pression sur le gouvernement à propos d'un sujet hautement inflammable, le traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, qui pourrait être ratifié d'ici la fin de l'année et qui risque d'augmenter la hausse des importations de viande d'Argentine et du Brésil sur le sol européen. Les agriculteurs ont apposé sur le bâtiment des finances publiques un drapeau des finances publiques, rebaptisé "Ambassade du Brésil".

"Le Mercosur, c'est importer une agriculture que nous ne voulons pas et que nous ne produisons pas en France. On ne veut pas que l'agriculture soit sacrifiée sur l'autel du libre-échange", explique Jérémy Tropini, président des Jeunes agriculteurs des Bouches-du-Rhône.

La France opposée à l'accord

Michel Barnier a redit vendredi son opposition à l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, alors qu'Emmanuel Macron entend plaider à partir de samedi en Amérique latine contre la possible signature prochaine de cet accord de libre-échange. Au sein de l'UE, la France est minoritaire et cherche à obtenir des soutiens afin d'imposer un veto.

Anna Jaujard avec Léo Manson