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"On va s’appauvrir": la Cour des comptes juge qu’il y a trop de vaches, les éleveurs s’insurgent

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Dans un rapport, la Cour des comptes estime qu’il y a trop de vaches en France, responsables de 12% des émissions de gaz à effet de serre. Les éleveurs s’insurgent.

Il y a trop de vaches dans notre pays… C'est la Cour des comptes qui le dit. Les Sages de la rue Cambon veulent réduire le cheptel bovin parce que leur bilan climatique n’est pas bon. Par leurs ruminations, les 17 millions de vaches françaises (1er producteur européen de viande bovine, 2e troupeau laitier derrière l’Allemagne), sont responsables de près de 12% des émissions de gaz à effet de serre en France. Dans son rapport, la Cour des comptes recommande donc d’accélérer la reconversion des éleveurs. Mais ces recommandations ulcèrent la profession.

"Qu’est-ce qu’on fait si on n’a plus d’animaux? Ce ne sont pas des terres à céréales. On va s’appauvrir. Et ça veut dire qu’on va arrêter", craint François, un éleveur de Saint-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne), sur les terres des vaches limousines. Ses 130 bêtes évoluent au milieu des prairies, à perte de vue. "J’ai de l’herbe partout, ça capte le CO2. Avec 50 hectares d’herbe, on devrait nous donner une valeur au lieu de nous assassiner à chaque fois en disant que les paysans sont des pollueurs", lance François.

Une lettre ouverte adressée à Elisabeth Borne

Selon la Cour des comptes, la souveraineté alimentaire de la France ne serait pas menacée par la réduction des cheptels. Faux, répond Patrick Benezit, président de la Fédération nationale bovine: "Aujourd’hui, taper sur les éleveurs français, c’est laisser libre champ aux viandes d’importation qui n’ont pas du tout les mêmes intérêts environnementaux. L’élevage français mobilise 13 millions d’hectares de prairies qui, tous les jours, stockent du carbone". Très inquiète par cette prise de position de la Cour des comptes, cette fédération a publié une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne pour lui demander des explications.

A l'autre bout de la filière, les bouchers s'inquiètent aussi. "On a l'impression que chaque semaine, on culpabilise l'agriculture et l'élevage, que c'est mauvais pour la planète, pour la santé, pour l'environnement, alors que vous avez des gens qui se lèvent tous les matins, qui font bien leur boulot et qui se remettent en question depuis de nombreuses années", tient à souligner Véronique Langlais, présidente du Syndicat des bouchers de Paris, dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story.

"On a fait des erreurs, mais on s'est remis en question. Les leçons, ça suffit", estime-t-elle, en s'alarmant d'une forte baisse du nombre de vaches, déjà très marquée: "On a 837.000 bovins de moins en six ans. On est bien au-delà des prévisions". Elle souhaite donc interpeller Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie: "Produire moins de viande en France, cela va faire augmenter les importations. On est sur des paradoxes permanents, sans réflexion". Mais aussi son collègue François Braun: "J'interpelle le ministre de la Santé sur le manque de consommation de viande. On n'apprend pas aux enfants comment se nourrir".

LP avec Alfred Aurenche