Pour abandonner l'arme nucléaire, il faudrait que l'environnement soit beaucoup plus stable

Des militants de l'ICAN portant des masques de Kim Jong-Un et de Donald Trump. - AFP
Le prix Nobel de la paix a récompensé vendredi la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN). L'ICAN s'est vu attribuer la prestigieuse récompense pour avoir contribué à l'adoption cette année d'un traité historique d'interdiction de l'arme atomique. Soixante-douze ans après Hiroshima et Nagasaki, 122 pays ont adopté le 7 juillet à l'ONU un traité qui pose pour la première fois le principe de l'interdiction de mettre au point, stocker ou menacer d'utiliser l'arme atomique. Sa portée reste essentiellement symbolique puisque les puissances nucléaires (dont la France) ont toutes refusé d'y adhérer.
"Il faut une action multilatérale"
Le Nobel de la paix est "un encouragement" aux pays non-signataires pour qu'ils œuvrent eux aussi à débarrasser la planète des armes nucléaires, a souligné Mme Reiss-Andersen, la présidente du comité Nobel norvégien. Un vœu pieu, selon le général Patrick Charaix, ancien commandant des forces aériennes stratégiques (composante aérienne de la dissuasion nucléaire).
Pour lui, ce n'est pas demain que les armes nucléaires seront rangées au musée. "Les pays qui aujourd'hui possèdent l'arme nucléaire sont en règle générale assez enclin à faire disparaitre leur armement. Mais seulement à partir du moment où c'est une action qui est multilatérale. Pour dire que la France perdrait ou se séparerait de cette capacité, qui est quand même la base de notre politique de défense, il faudrait que l'environnement soit beaucoup plus stable, et ce n'est vraiment pas le cas".
"De 70.000 armes nucléaires dans les années 90, à 15.000 aujourd'hui"
Le comité Nobel norvégien récompense en effet la lutte contre ces armes de destruction massive au moment même où le président américain Donald Trump menace de remettre en cause l'accord sur le nucléaire iranien, et au moment où il échange des propos belliqueux avec Kim Jong-Un autour du programme nucléaire nord-coréen. L'ICAN est d'ailleurs le 9e acteur anti-arme nucléaire distingué par un prix Nobel, mais la bombe atomique existe toujours !
Pourtant, Patrice Bouveret, porte-parole de la branche française d'ICAN se dit confiant. "Quand on s'inscrit dans le temps long on s'aperçoit qu'il y a eu des progrès de faits. Il faut se souvenir qu'au plus fort de la guerre froide, qui n'est pas si lointaine que ça, dans les années 90, il y avait environ 70.000 armes nucléaires. On est descendu actuellement à 15.000 armes nucléaires. Ça montre l'importance qu'ont aussi ces campagnes et les récompenses pour les dynamiser. On sait que cela ne va pas se faire en deux jours, on n'est pas naïfs, mais on doit aller dans cette direction-là".