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Séisme au Népal: la situation tragique d'un village excentré qui ne reçoit aucune aide

L'aide humanitaire a encore du mal à arriver dans certains villages népalais

L'aide humanitaire a encore du mal à arriver dans certains villages népalais - PALANI MOHAN / IFRC / AFP

Six jours après le séisme, l'aide humanitaire se déploie lentement dans le pays. Mais certains villages, pourtant situés à quelques dizaines de kilomètres de Katmandou, demeurent encore isolés, comme a pu le constater sur place l'envoyée spéciale de RMC.

Au Népal, après le séisme, les émeutes. Six jours après le tragique tremblement de terre qui a fait 5.489 morts et plus de 8.000 blessés selon le dernier bilan officiel, l'aide humanitaire a du mal à se déployer. Pourtant cette aide est d'autant plus essentielle que la situation se tend dans les villes. Ce mercredi, des émeutes ont éclaté à Katmandou, et des habitants ont pris d'assaut des camions d'eau potable.

"On a tout perdu"

De plus, alors que les secouristes sont de plus en plus nombreux à Katmandou, ils n'ont pas encore pu accéder à certaines zones montagneuses. Ainsi, à une dizaine de kilomètres seulement de la capitale, il y a encore des villages complètement dévastés, et des habitants complètement livrés à eux-mêmes. C'est le cas par exemple de Dachat qui vit dans le village de Kot. Interrogé par RMC, il dit être persuadé qu'il ne recevra aucune aide. Alors seul avec sa pelle, il tente de déblayer sa maison, qui n’est plus qu’une ruine.

"Elle s’est effondrée en 30 secondes. Tout est fichu à l’intérieur. Les habits, les meubles, la vaisselle, les outils… On a tout perdu", raconte-t-il, désespéré. Après le séisme, aucune des 30 maisons du village n'a été épargnée. Les habitants vivent donc tous ensemble, entassés sous une bâche en plastique. "Je suis inquiet sur les conditions d’hygiène et de santé parce qu'on vit ici à six ou sept familles", poursuit-il.

"On est complètement livrés à nous-mêmes"

Il faut dire que sur place la situation est particulièrement désespérée. En cinq jours, pas un seul policier, pas un seul secouriste n’a mis le pied dans le village, situé pourtant à seulement 10 kilomètres de Katmandou. "On n’a reçu aucune subvention du gouvernement, aucun soutien, rien. On est complètement livrés à nous-mêmes", s'emporte Dachat. Un constat partagé par Probin, 21 ans. Il vit dans ce même village avec ses parents. Comme toutes les maisons du village, la sienne s’est effondrée lors du séisme. Depuis il dort dans une tente et se débrouille comme il peut pour vivre.

"Les dégâts sont énormes, on n'a rien à manger, et surtout plus personne ne veut rentrer dans ce qu’il reste de sa maison. On a trop peur… On espère vraiment qu’on va enfin nous aider… Beaucoup de pays envoient de l’aide humanitaire, mais nous, on n'a rien… Personne n’est venu nous voir depuis le séisme, voir ce qu'il se passe ici… Rien…", déplore-t-il. Si une aide la reconstruction devrait bien arriver jusqu'au village, ce ne sera certainement pas avant des mois, voire des années. Dès lors, s'ils veulent y rester, Dachat, Probin et les autres vont donc être contraints de le reconstruire eux-mêmes.

Maxime Ricard avec Marie Regnier