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Sivens: "Sans le barrage, la vallée va mourir"

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Le président socialiste du Conseil général du Tarn a annoncé mercredi qu'il envisageait de "suspendre les travaux" sur le site du barrage contesté de Sivens, après le décès dimanche de Rémi Fraisse. Une décision loin de faire l'unanimité.

La mort de Rémi Fraisse n'aura pas été sans conséquences. Ainsi, son décès a été suivi de mesures politiques. La première d'entre elle a été l'annonce par Bernard Cazeneuve de la suspension de l'utilisation de grenades offensives. Ce n'est pas tout, alors que la polémique enfle et que le gouvernement est attaqué de toutes parts, le président socialiste du Conseil général du Tarn a annoncé mercredi qu'il envisageait de "suspendre les travaux" sur le site du barrage contesté de Sivens. Les travaux sont, de fait, interrompus.

Pour rappel, à Lisle-sur-Tarn, près de Gaillac, le projet vise à créer une modeste retenue d'eau d'1,5 million de mètres cubes - pour un coût d'investissement de 8,4 millions d'euros - afin de sécuriser l'irrigation des cultures. En clair, le barrage permettrait au petit cour d’eau "Le Tescou", aujourd'hui à sec, avec lequel les agriculteurs irriguent leurs champs, d’être plus prolifique pour les cultures. Autant dire que la remise en cause de ce barrage ne fait pas l'unanimité.

"Il faut que les agriculteurs du coin puissent vivre de leur métier"

Ainsi, ce jeudi matin dans Bourdin Direct, Pascale Puybasset, agricultrice, pousse un coup de gueule. Elle dénonce un manque à gagner pour ses récoltes, mais aussi et surtout la présence des manifestants. "Il y a eu des consultations, c'est attendu par la population locale, c'est soutenu par les exécutifs locaux, rappelle-t-elle. Ce n'est donc pas possible qu'à cause des manœuvres violentes que l'on subit depuis plus d'un an, on arrête ce projet". Et d'assurer sur RMC: "Il faut que les agriculteurs du coin puissent vivre de leur métier, c'est pourquoi cette retenue d'eau est nécessaire".

Depuis l’annonce de la suspension des travaux et d’un vote demain au conseil général, elle n'est pas la seule à faire part de son mécontentement. C'est le cas de Claire qui attend beaucoup du barrage. Il lui permettrait de mieux irriguer son terrain et donc ses récoltes seraient plus riches et plus diverses comme elle l'explique à RMC : " On a essentiellement des productions de blé, d'orge, de colza et de tournesol mais avec le barrage on pourrait faire des productions à forte valeur ajoutée, à savoir des semences d'ail ou de luzerne." Elle en est persuadée : "sans le barrage, la vallée va mourir".

"Otage du débat national"

Bernard fait de l’agriculture biologique et est lui aussi pour la retenue: "Je rencontre de gens opposés mais ils connaissent mal le projet et ils s'imaginent des choses erronées. Certains pensent par exemple qu'avec ce barrage il n'y aura plus d'eau dans la rivière alors que c'est tout l'inverse. Si on fait un barrage c'est justement pour soutenir le niveau d'eau pendant l'été. Vivement donc qu'on est le barrage !"

Pierre Vincens, agriculteur à Gaillac, chargé du dossier Irrigation à la FDSEA du Tarn, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce jeudi matin. Il se montre plus nuancé en raison de la mort de Rémi Fraisse. "Je ne regrette pas la suspension des travaux car nous sommes face à un drame et il faut savoir prendre un peu de recul. Je pense donc que le Conseil général a eu raison d'interrompre le projet pendant quelques jours. Cela permet de réfléchir…" Pour autant, il s'oppose à l'arrêt définitif du projet. "On a l’impression d’être otage du débat national. C’est un projet qui a été validé par l’ensemble des acteurs du pays et qui est ensuite devenu objet de débat mais ce qu'il faut savoir c'est que ce barrage est nécessaire pour la revitalisation de la vallée".

Maxime Ricard avec Jean-Jacques Bourdin et Amélie Rosique