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Abandons d'animaux en hausse, refuges saturés… faut-il créer un permis pour posséder un animal?

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Depuis le début de l'année 2023, la SPA a dénombré 20.000 abandons d'animaux. Un chiffre en constante hausse qui sature les refuges qui demandent une réglementation sur le sujet. Parmi les idées, celle d'un permis pour posséder un animal, comme en Belgique.

C’est un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Depuis janvier, plus de 20.000 animaux ont été abandonnés, selon la SPA, dont 12.000 entre le 1er mai et le 31 juillet. À l’inverse, les demandes d’adoption se font de plus en plus rares et les refuges sont saturés, parfois au point de devoir accueillir plusieurs animaux dans le même box.

Le reportage de la rédaction : Les adoptions d’animaux de plus en plus rares, les refuges saturés - 12/08
Le reportage de la rédaction : Les adoptions d’animaux de plus en plus rares, les refuges saturés - 12/08
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À Orgeval (Yvelines), le refuge SPA est même obligé de créer une liste d'attente pour les demandes d'abandons. Dès lors, beaucoup de propriétaires finissent par laisser leurs chiens et leurs chats dans la rue avant d'être ramassés par des fourrières. "Lorsqu'un animal arrive en fourrière, il y a huit jours ouvrés de délai de fourrière. Au bout de huit jours, il appartient à la fourrière qui a trois solutions : le céder à une association, le garder plus longtemps ou procéder à une euthanasie", explique Aurélie Ithurbide, chef d'équipe de ce refuge.

Pour sauver ces petites bêtes, les associations font appel à des familles relais, le temps de libérer de la place, parce que dans les refuges, déjà surchargés, il est impossible de pousser les murs.

L'inflation en cause

Cette hausse des abandons corrélée à la baisse de demande d’adoptions est surtout due à une situation économique morose: l’inflation touche aussi l’entretien des animaux de compagnie. Selon un sondage Ifop, 7% des Français qui se sont séparés de leur animal l’année dernière l’ont fait pour des raisons financières. En 2022, les Français consacraient 943 euros pour leur animal de compagnie par an: cela représente 145 euros de plus sur les deux dernières années.

Le ministre des Transports, Clément Beaune, en visite dans un refuge appelait à la responsabilité des Français, rappelait "qu'adopter un animal est une responsabilité" et que le pouvoir d'achat n’est pas une raison pour abandonner son animal surtout quand le choix d'en prendre un a été récent.

À vous de nous dire : Faut-il instaurer un permis pour posséder un animal de compagnie ? - 12/08
À vous de nous dire : Faut-il instaurer un permis pour posséder un animal de compagnie ? - 12/08
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Un encadrement demandé par les associations

Du côté des refuges, on attend un encadrement de l'acquisition d'animaux de compagnie. "La solution, c'est de régler le problème à la source même, avec des réglementations. Peut-être mettre en place des permis, des formations, pour acquérir un animal de compagnie", notre Aurélie Ithurbide.

Pour responsabiliser les futurs maîtres, la solution pourrait donc être la création d’un permis pour posséder un animal afin de limiter les achats impulsifs pour réduire les abandons. Cette solution, déjà mis en place en Belgique, plaît aussi en France. Selon un récent sondage commandé par Ultra Premium Direct, spécialiste de l’alimentation pour chien et chat, 65% des Français seraient favorables à l’instauration d’un permis afin de posséder un animal de compagnie.

Une proposition de loi de plusieurs députés Renaissance sur cette question du permis avait été déposée en 2020, s'inspirant directement de celui adopté en 2018 en Belgique.

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L'exemple du permis belge

En Wallonie, le permis de détention d’un animal de compagnie est obligatoire depuis le 1er juillet 2022. Pour obtenir ce permis, il faut faire une demande à la mairie puis fournir au refuge ou à l’animalerie un document issu du fichier central wallon du bien-être animal, document dont le coût varie selon les communes.

Depuis sa mise en place, les retours sont plutôt positifs même la SPA locale souhaiterait aller encore plus loin et sanctionner plus lourdement les cas de manquements. Pour l’instant, près d’une cinquantaine de personnes ont été déchues de leur droit à posséder un animal sur le territoire wallon selon la SPA.

En France, en attendant une règlementation, les associations misent aussi sur les nouvelles générations et font de la pédagogie. Jacques-Charles Fombonne, le président de la SPA, explique que son association va dans les écoles: "On leur explique ce qu'est un animal. Si quand on est tout petit, on apprend à respecter les animaux, on apprend que ce ne sont pas des objets et qu'on apprend que c'est un engagement qui va durer plusieurs années, je pense qu'on aura fait un très, très grand pas de plus dans la protection animale."

Actuellement, plus de 8500 animaux de compagnies vivent dans les refuges de la SPA. Pour rappel, l'abandon d'un animal est un délit passible de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende

Guillaume Charpin, Ameline Lavechin et Maxime Martinez