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Attal veut interdire le voile aux moins de 15 ans dans l'espace public: ce qu'en pensent les concernées

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Des jeunes femmes qui portent le voile ont tenu à rappeler, mercredi, que leur choix était personnel, alors que Gabriel Attal souhaite l'interdire pour les moins de 15 ans dans l'espace public. Les députés Eric Coquerel et Thomas Ménagé ont, eux, dénoncé un opportunisme politique.

Le voile, dans le viseur de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal. Ce dernier souhaite interdire le port du voile dans l'espace public pour les personnes âgées de moins de 15 ans. "Franchement j'aurais été très triste qu'on m'interdise de le porter avant. Je trouve ça nul", commente Amira, qui est contre cette mesure.

Pour faire cette proposition, Gabriel Attal s'appuie largement sur les conclusions d'un rapport sur les Frères musulmans, qu'il avait lui-même commandé lorsqu'il était Premier ministre. Ce rapport fait état "de l’augmentation massive de jeunes filles portant le voile".

Les parents injustement visés ?

Le groupe macroniste souhaite aussi la création d'un "délit de contrainte" au port du voile contre les parents qui forceraient leurs filles mineures à porter le voile. "La fille, si elle ne veut pas se voiler, elle ne se voile pas. Ça devrait être pénalisé, mais après il faut vraiment creuser l'enquête. Ce n'est pas parce que vous voyez une fille de 13 ans porter le voile qu'elle a été forcée", explique Mayssane, qui regrette surtout que le choix des jeunes adolescentes ne soit pas respecté.

Le 3216 RMC du 21 mai - 6h37
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Surtout, parfois les parents n'y sont pas favorables. C'est le cas d'Amira, dont les parents étaient plutôt inquiets lorsqu'elle leur a annoncé qu'elle voulait porter le voile: "Au début ils appréhendaient un peu. Ils ne me l'ont pas forcément conseillé, avec tous les clichés qu'il y a dessus". La jeune femme regrette que la faute soit "mise sur les parents". Les siens "ne voulaient pas vraiment que ça retombe sur eux".

"Ça serait bête de les punir alors que c'est notre choix", insiste Amira.

Pour Aissata aussi, porter le voile a été un choix personnel fait "purement par conviction religieuse". "J'avais envie de me rapprocher de ma religion. J'ai un entourage religieux, toute ma famille est religieuse, mais on ne m'a pas influencé, on ne m'a jamais parlé de ça. C'est de moi-même que je m'y suis intéressée", souligne-t-elle.

"Un summum d'opportunisme politique"

Le député LFI Eric Coquerel voit en cette proposition "une guerre contre une seule religion" et la qualifie d'"insupportable". "Tactiquement c'est stupide", remarque l'élu, "du côté du bloc central, vous avez une surenchère en pensant que l'issue, c'est toujours plus à droite, voire toujours plus à l'extrême droite. Sauf qu'en réalité, au fur et à mesure qu'ils font ça, ils ne font que renforcer l'original."

Certains députés du RN dénoncent une forme d'hypocrisie de la part de l'ancien Premier ministre. "Gabriel Attal atteint un summum d'opportunisme politique. Il court après Monsieur Retailleau, qui lui court après le Rassemblement national", analyse l'élu Thomas Ménagé.

Solène Gardré, Hélène Terzian et Lucas Nitzsche (avec TRC)